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lundi 28 mars 2011

La Lituanie et les centrales nucléaires


La nouvelle, même si elle était attendue, est apparue en Lituanie comme une provocation. Le 15 Mars au soir, la Russie et le Bélarus ont signé l’accord de construction d’une centrale nucléaire au Bélarus. Cet accord survenait alors que le monde entier avait les yeux tournés vers la catastrophe de Fukushima au Japon. Cette centrale bélarusse, d’une capacité totale de 2 400 MWe, dont 50 % destinés à l’exportation, censée être opérationnelle pour un réacteur en 2016 ou 2017, pour l’autre en 2018, serait construite à Astravets, près d’Ashmyany (Ašmena en Lituanien) soit à 20 kilomètres de la frontière lituanienne, à 50 km du centre de Vilnius. La Russie serait prête à accorder un prêt de 9 milliards de $ au Bélarus pour la construction, laquelle reviendra à une filiale du maître d’ouvrage russe, Rosatom.

Par ailleurs, les travaux d’une centrale nucléaire ont commencé le 25 Février 2010, à 13 km du Niémen, donc de la Lituanie, dans l’exclave de Kaliningrad (Baltiiskaya NPP - Калининградская атомная электростанция ou Балтийская АЭС). Là aussi, si un des réacteurs est destiné à approvisionner en électricité l’oblast russe, « actuellement dépendant des pays de l’OTAN », le deuxième réacteur produira de l’électricité pour l’exportation. La capacité totale devrait être à terme de 2 340 MWe. Le premier réacteur devrait être opérationnel en 2016, le second en 2018. Pour les russophones, un Blog suit les étapes de la construction :

Face à ces centrales qui poussent autour d’elle comme des champignons, la Lituanie, dont le projet Ignalina II avance à une allure d’escargot, a un triple souci :

# Un souci écologique. Officiellement, c’est le seul qui soit mis en avant. La Lituanie a, à plusieurs reprises, adressé des notes au Bélarus pour se plaindre du fait que l’étude d’impact de la centrale sur l’environnement serait incomplète et que le Bélarus ne respecterait pas la Convention d’Espoo (http://www.unece.org/env/eia/eia_f.htm ). Le 25 Mars, le Conseil Européen a adopté une proposition lituanienne demandant que les centrales nucléaires, existantes ou en projet, sur le territoire de l’UE ou à proximité, fassent l’objet de contrôles de sécurité.

# Un souci économique. Alors que la centrale d’Ignalina II n’a toujours pas d’investisseur, après le retrait du candidat sud-coréen Korea Electric Power Corp. le 24 Novembre 2010, le futur de celle-ci s’avère incertain. A quoi bon construire une centrale qui produirait de l’électricité au mieux à partir de 2018-2020, alors que Kaliningrad et Astravets en produiront dès 2016 ? En outre, alors qu’elles sont toujours en principe partie prenante dans Ignalina II, il semblerait que l’Estonie et la Pologne aient leurs propres projets.

# Un souci politique. Alors que le Bélarus avait fait mine de se rapprocher de l’UE avant les « élections » présidentielles du 19 Décembre 2010, alors que les Présidents russes et bélarusses, dans le même temps, s’échangeaient des noms d’oiseaux, l’accord sur la centrale d’Astravets montre que les relations entre les deux Etats sont redevenues nominales. Le Président lituanien Dalia Grybauskaitė avait fortement soutenu la politique d’ouverture de la Lituanie vers le Bélarus, même après les élections frauduleusement remportées par Lukashenka (rappelons-nous le «Lukashenka est le garant de la stabilité économique et politique du Bélarus, et de son indépendance»). L’argument était que mieux valait pour l'Europe que le Bélarus soit dirigé par un dictateur qui résiste aux pressions russes que par une marionnette à la solde du Kremlin……

Il semble donc que l’indépendance énergétique de la Lituanie, vis-à-vis de la Russie, soit plus que jamais dans une zone de turbulence.

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