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vendredi 18 novembre 2016

Daudz Laimes Latvija ! Bonne Fête Nationale lettone !


En ce 18 Novembre 2016, la Lettonie fête le 98ème anniversaire de sa déclaration d’indépendance du 18 Novembre 1918.  

Déclaration d'Indépendance de la République de Lettonie, le 18 novembre 1918 au Théâtre National

Au début de la Première Guerre mondiale, les Lettons avaient pris délibérément fait et cause pour l’Empire russe, espérant, grâce à la victoire de celui-ci, se débarrasser des barons baltes et de l’emprise germanique qu’ils enduraient depuis le XIIIe siècle ! Le 23 Juillet 1915, alors que les forces russes étaient en difficulté, les troupes allemandes occupant la Courlande et progressant vers Riga, un oukase du Tsar Nicolas II permettait la création des Régiments de tirailleurs lettons, premières unités autorisées à se battre sous le drapeau de la Lettonie.
 
Mais la révolution russe d’Octobre (Novembre 1917) et l’effondrement militaire de la Russie vint changer la donne. L’Allemagne imposa en effet sa domination militaire sur les États baltes. Une partie des unités de tirailleurs lettons devinrent le fer de lance de l’Armée rouge, nouvellement créée. Par l’armistice du 11 Novembre 1918, les troupes allemandes vaincues seront tenues de ne pas quitter leurs positions sur le front oriental, afin de contrer une éventuelle offensive bolchevique. L’armistice qui marque à l'ouest la fin des hostilités ne signifie pour autant pas l’arrêt des combats sur le front de l’est.

Chars Renault FT-17 à la bataille de Daugavpils (3 janvier 1920)

Il est en effet nécessaire de souligner la multiplicité des forces en présence sur le territoire letton à cette époque, ce qui explique que la situation y soit des plus confuses :
 
# Les bolcheviques, qui prétendaient parler au nom du peuple letton ;
# L’armée nationale lettone, partagée en deux, une partie dans la région de Libau/Liepaja, à côté plus qu’avec les Allemands, et l’autre partie dans le nord de la Lettonie avec les Estoniens ;
# La Baltische Landeswehr, constituée de germano-baltes favorables au Pasteur Needra ;
# Le bataillon de Russes blancs du Prince Anatoly Pavlovitch von Lieven (d’origine livonienne) ;
# L’armée régulière allemande commandée par le Général von der Goltz, et son « faux-nez » les corps francs de l'aventurier aventurier se faisant appeler d’abord Colonel Bermondt, puis Prince Avalov.
 
La République de Lettonie proclamera donc son indépendance le 18 Novembre 1918 à 16H, au Théâtre National de Riga. Mais celle-ci sera théorique car, en dépit de la présence des troupes allemandes, la Lettonie sera presque totalement occupée par l’Armée rouge à la fin Janvier 1919.

En dépit d’une politique française relativement floue, accordant la priorité de son soutien à la Pologne et traînant quelque peu les pieds pour reconnaître l’indépendance des États baltes, des Officiers français vont toutefois avoir une action réellement déterminante lors de la guerre d’indépendance lettone.   


La Commission interalliée du Général Niessel 

Il s’agit du Lieutenant-colonel du Parquet, chef de la Mission Militaire Française en Lettonie (Mai 1919 – Juillet 1920), du Capitaine de Vaisseau Brisson, commandant la flotte alliée devant Riga en Octobre 1919, du Général Niessel, Président de la Commission interalliée des Pays Baltiques, grâce à qui les Allemands évacueront les Pays baltes (Novembre – Décembre 1919), sans oublier le Général Janin qui, depuis la Sibérie, organisera le retour dans leur pays des tirailleurs lettons « blancs » (Juin 1920). Je n'oublierai pas non plus la Compagnie de chars Renault FT-17 du Capitaine Jean Dufour à la bataille der Daugavpils (3 janvier 1920). Ils pourraient être mis en exergue par la France lors des commémorations lettones de 2019.

Le Général Maurice Janin
 Après bien des réticences, liées au désir de voir renaître une Russie forte et aux doutes quant à la viabilité d’un État letton, les puissances alliées ne reconnaîtront de jure l’indépendance de la Lettonie que le 26 Janvier 1921. La candidature de la Lettonie à la Société des Nations sera rejetée une première fois le 16 décembre 1920 et il faudra attendre le 22 Septembre 1921 pour qu’elle puisse y adhérer, en même temps que l’Estonie et la Lituanie.

 Bonne Fête Nationale à la Lettonie et aux Lettons ! 


mardi 15 novembre 2016

« Pages tragiques de l'histoire de la Lituanie » de Vladas Terleckas



Aujourd'hui je voudrais attirer votre attention sur un livre majeur (et je pèse mes mots), à lire absolument si on veut comprendre la Lituanie d'aujourd'hui, Il s'agit de « Pages tragiques de l'histoire de la Lituanie » de Vladas Terleckas.

En s'appuyant sur les dernières recherches et ressources disponibles, ce livre s'efforce de revoir l'histoire dramatique de la Lituanie de 1918 à 1953.

La première partie relate la situation de la Lituanie en 1918. L'auteur raconte comment, après son indépendance, le pays s'est construit et a fait face aux différents défis qui l'attendaient. La seconde partie se concentre sur les conséquences des occupations soviétiques (1940-1941) et nazie (1941-1944), puis sur le retour du régime soviétique.

Mais surtout, Vladas Terleckas décrit la vague de répression, la soviétisation dans tous les secteurs de la vie et révèle les méthodes d'extermination physique et spirituelle mises en œuvre contre les habitants. Mais aussi, il décrit les résistances, armée et non armée, du peuple lituanien contre les occupants, qui ont fait que la résistance lituanienne ne s'éteignit jamais, même au moment des années les plus noires.

Vladas Terleckas, né le 13 septembre 1939, a été membre du Conseil Suprême du Parlement restauré de la république de Lituanie, de 1990 à 1992, Il est signataire de l'Acte de rétablissement de l'indépendance de la Lituanie du 11 mars 1990.

Vladas Terleckas aujourd'hui

Professeur, docteur ès Sciences sociales, Vladas Terleckas a enseigné à l'Université de Vilnius les systèmes bancaires et monétaires de 1967 à 2000. De 1989 à 1992, il a participé de manière intensive à la transformation de l'ancien système soviétique bancaire et monétaire selon les exigences de l'économie de marché. Depuis 2000, ses recherches portent sur les questions d'histoire générale de la Lituanie, particulièrement sur la période de 1918 à 1953.



Le livre « Pages tragiques de l'histoire de la Lituanie » en français de Vladas Terleckas n'est actuellement à la vente qu'en Lituanie. Pour plus de détails concernant la diffusion, vous pouvez contacter (en français) la fille de l'auteur, Jūratė Terleckaitė : jterleckaite@yahoo.co.uk

Vladas Terleckas recevant en 2010 la croix de Chevalier du Mérite pour la Lituanie des mains de Mme Dalia Grybauskaitė

vendredi 11 novembre 2016

Le 11 novembre, jour de Lāčplēšis en Lettonie

Lāčplēšis sur le monument de la Liberté à Riga

Si le 11 novembre 1918, date de signature du cessez-le-feu mettant fin aux combats de la Première Guerre mondiale, est encore largement célébré en France et en Europe, la Lettonie célèbre, elle, un autre 11 novembre. 

Le 11 Novembre, les Lettons célèbrent en effet le Jour de Lāčplēšis (Lāčplēša Diena). Ce jour a pour objet de commémorer le combat de tous les habitants de la Lettonie contre tous les envahisseurs (et Dieu sait qu’ils ont été nombreux !).

Mais, sur le plan historique, c’est une réminiscence du 11 Novembre 1919, victoire dans la guerre de libération nationale, qui s’est déroulée de Décembre 1918 à Août 1920. Ce jour-là marque la fin de la bataille de Riga, victoire de l’armée lettone sur celle de Bermondt-Avalov, ce pseudo prince russe, mais véritable aventurier aux origines incertaines, qui avait formé des Corps francs russo-allemands, avec la bénédiction du général allemand Von der Goltz censé avoir retiré ses troupes de Lettonie. 

Pavel Bermondt-Avalov
Lāčplēšis fait référence au personnage central d’un poème épique éponyme, écrit entre 1872 et 1887, à l’époque donc de la Renaissance nationale du peuple letton, par Andrejs Pumpurs (1841 – 1902), une figure marquante du mouvement «Jaunlatvieši » (« Nouveaux Lettons »). Lāčplēsis avait été choisi par les dieux pour devenir le héros de son peuple. Son nom signifie pourfendeur d’ours car, jeune homme, il avait déchiqueté un ours de ses propres  mains, épisode qui apparaît sur le socle du Monument de la Liberté à Riga. Après maintes aventures, où la lutte de Lāčplēsis contre les Germaniques est omniprésente, le héros disparaît finalement dans la Daugava avec son dernier adversaire, le Chevalier noir, celui-ci ayant découvert que la force de Lāčplēsis résidait dans ses oreilles (sa mère étant une ourse). Mais la légende dit que Lāčplēsis reviendra pour libérer son pays en rejetant le monstre à ma mer. Les ennemis potentiels de la Lettonie sont prévenus.

Andrejs Pumpurs 
NB : La Fête Nationale lettone tombe une semaine plus tard, le 18 Novembre, et commémore la Proclamation d’Indépendance (Latvijas republikas proklamēšana diena) du 18 Novembre 1918. Cette proximité peut être source de confusion.

 On notera que l’Ordre de Lāčplēsis a été institué à cette occasion et que les premiers récipiendaires l’ont reçu le 11 Novembre 1920 (il a été attribué jusqu’en 1928). Parmi les récipiendaires, j’ai compté 49 Français s’étant illustrés lors de la guerre d’indépendance de la Lettonie, dont certains sont bien connus des spécialistes de cette période : le Général Niessel, le Général Janin, le Capitaine de Vaisseau Brisson et le Lieutenant-colonel du Parquet. Mais on trouve également le Maréchal Foch et le Général Weygand, ainsi que la ville de Verdun.   


Ordre de Lāčplēsis


mardi 8 novembre 2016

Présence renforcée de l'OTAN dans les États baltes


Au sommet de Varsovie du 8 juillet 2016, l'OTAN avait validé le principe d'une présence avancée renforcée (Enhanced Forward Presence – eFP) dans les Etats baltes et en Pologne. J'avais déjà eu l'occasion d'évoquer ce renforcement dans un post du 31 août :

Aujourd'hui, on en sait un peu plus, même si les détails de la composition des bataillons ne sont pas encore connus. Rappelons que les nations cadres de ces bataillons seront :
# En Estonie, le Royaume-Uni
# En Lettonie, le Canada
# En Lituanie, l'Allemagne
# En Pologne, les États-Unis



L’effectif des bataillons devrait être au total d'environ 1000 hommes. Ils devraient être mis en place au cours du printemps 2017, les nations cadres étant renforcées par des unités de nations contributrices.

On notera que la France participera :

# en 2017 avec un sous-groupement interarmes d'environ 150 hommes au sein du bataillon britannique, stationné au polygone de Tapa en Estonie ; les Britanniques étant annoncés avec des chars de bataille Challenger-2 et des drones Desert Hawk, je gage que les Français ne seront pas en reste.

# en 2018 au sein du bataillon allemand au camp de Rukla en Lituanie.

Char de bataille Challenger 2

J'ai été approché pour donner une information aux participants du SGTIA français en partance pour l'Estonie, mais on me permettra de ne pas en dire plus, d'autant que cette mission ne m'a pas été confirmée.

Insigne de la "Iron Brigade"

On aura noté que ces bataillons ne devraient se mettre en place qu'autour du mois d'avril 2017. Aussi le Secrétaire d’État U.S. à la Défense a annoncé la projection dès janvier 2017 de la 3e Brigade (Iron Brigade) de la 4e Division d'Infanterie de Fort Carson (Colorado), soit 4 000 hommes. Les matériels arriveront au port allemand de Bremerhaven, puis acheminés partie par le rail, partie par la route vers la Pologne. Après la remise en condition de la Brigade, les unités seront dispatchées en février sur tout le front, de l'Estonie à la Bulgarie. La brigade est équipée de chars M-1 Abrams et de véhicules de combat d'infanterie M-2 Bradley.

Char de bataille M-1 Abrams

Tout ce dispositif est défensif, mais il peut paraître sous-dimensionné face aux trois divisions russes qui font face. Mais il est surtout dissuasif, destiné à montrer l’implication de l'OTAN et des États-Unis dans la défense de l'est de l'Europe en général et des États baltes en particulier, victimes des provocations incessantes et des menaces de l'armée russe.  

Véhicule de combat d'infanterie M-2 Bradley