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mercredi 13 avril 2016

13 avril 1942 : arrivée des premiers prisonniers français à Rawa-Ruska


Rawa-Ruska est une localité située en Galicie, aujourd’hui en Ukraine. La région avait été annexée à la Pologne par le traité de Riga de 1921 et récupérée par l’URSS, alliée de l’Allemagne nazie, lors de l’invasion soviétique de la Pologne, le 17 septembre 1939.



Suite à l’attaque de l’Allemagne se retournant contre son allié soviétique, le 22 juin 1941, les Allemands établirent, sur tous les territoires conquis, des camps de prisonniers de guerre pour les Russes, camps numérotés dans la série 300.  

Au front Stalag 325 de Rawa-Ruska, créé courant juillet 1941, 18 à 20 000 prisonniers russes périrent durant les 5 premiers mois, par la famine, le manque d’hygiène et les mauvais traitements. Un second contingent de 4 000 précéda les Français de 4 mois ; seuls 400 survivaient encore à l’arrivée des Français.

A partir d’avril 1942, le camp de Rawa-Ruska (Stalag 325) recevra des prisonniers français et belges qui avaient déjà tenté de s’évader de leur Stalag. Le premier convoi, qui arrive au camp le 13 avril 1942, est constitué de 2 000 prisonniers de guerre qui proviennent de Limburg et du Stalag VI H de Düren. De même le deuxième, qui arrive le 5 mai 1942, a la même provenance. Les Français et les Belges prendront la « succession » des Russes, dans les mêmes conditions.  

C’est en effet le 21 mars 1942 que l’OKW (Oberkomando des Wehrmacht) avait signé l’ordre de transfert à Rawa Ruska de « tous les prisonniers de guerre français et belges évadés récidivistes et coupables de sabotages ou de refus de travail réitérés ». 24 à 25 000 de ces prisonniers y seront dirigés entre le mois d’avril 1942 et le début de l’année 1943.



Les prisonniers arrivaient dans le plus complet dénuement. Ils devaient subir des brimades quotidiennes, des rassemblements étaient ordonnés à n’importe quelle heure, les quantités d’aliments distribuées étaient nettement insuffisantes et d’une qualité déplorable. En raison de leur affaiblissement, les détenus étaient des proies toutes désignées pour les diverses maladies endémiques dans la région. Ils perdirent tous de 15 à 20 kg au cours des premiers mois de leur détention.   

Le camp sera fermé le 28 janvier 1943 et les prisonniers restant seront transférés à la citadelle de Lemberg (Lviv), gardant la dénomination de Stalag 325. Il est de nouveau  et transféré cette fois  à Stryj, toujours sous le nom de Stalag 325. Il restera à Stryj jusqu’à sa dissolution définitive devant l’avance de l’Armée rouge, le 13 janvier 1944. A cette date, il ne restait plus au Stalag 325 que 177 Français ou Belges. Sur plus de 1 500 000 prisonniers français internés en Allemagne, ce sont  24 à 25 000 qui furent dirigés sur Rawa-Ruska et ses sous-camps.

Feu mon père, le Dragon Louis Dutertre (31e régiment de Dragons de Lunéville), avait été fait prisonnier le 17 mai 1940 à Jeumont (Nord), donc a priori au cours de la bataille de la Sambre (16-23 mai 1940). Son registre matricule indique qu’il a été interné au Stalag VI H (Stalag pour Stammlager = camp ordinaire) qui se trouvait, de mars 1940 à octobre 1941, à Arnoldsweiler, dans les faubourgs nord de Düren, land de Nordrhein-Westfalen (entre Aachen/Aix-la-Chapelle et Köln/Cologne). Il a tenté de s’évader au moins deux fois et a été expédié à Rawa-Ruska. Je n’ai pas encore de détail sur cet internement, mais j’ai adhéré récemment à l’association « Ceux de Rawa-Ruska et leurs descendants » http://www.rawa-ruska.net/ et reconstituer le parcours de mon père dans ce camp de représailles sera une façon pour moi de lui rendre hommage.

Le Dragon Louis Dutertre, en 1937.

  




2 commentaires:

  1. Bonjour, Même chose pour mon père MORET Georges, stalag VI H évadé 2 ou 3 fois puis séjour à RAWA-RUSKA. J'ai publié un récit sous le nom de "Mon voyage à RAWA-RUSKA. Merci pour votre témoignage. P.MORET

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    1. Votre récit ""Mon voyage à RAWA-RUSKA" est-il un livre ? Je ne l'ai pas trouvé via google. Comment peut-on se le procurer ? Ca m'intéresse particulièrement car votre père était au départ dans le même Stalag que le mien. Au besoin : gilles.dutertre@gmail.com

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