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vendredi 29 janvier 2016

29 janvier 1918 : les jeunes héros ukrainiens de la bataille de Krouty


Après la révolution de février 1917 en Russie, le gouvernement provisoire d’Alexandre Kerenski avait promis qu’il reconnaîtrait le droit à l’autodétermination des peuples minoritaires de l’Empire. Mais la Rada (assemblée constitutive) établie à Kyiv (Kiev) n’obtint rien et, le 19 novembre 1917, au lendemain de la révolution d’octobre, elle proclama une République démocratique, immédiatement reconnue par la France et la Grande-Bretagne, connue sous le nom de République Nationale Ukrainienne, en Ukrainien Українська Народна Республіка / UNR. A noter que cette République n’était pas séparée de la République russe.

Mais, reniant leurs propres principes, comme ce fut également le cas dans les Etats baltes, et comme ce le sera encore en 1991, les bolcheviques déclarèrent hors la loi l’UNR et fondèrent en Ukraine une série de républiques populaires des soviets. Outre les bolcheviques, l’UNR avait également contre elle les Russes blancs de Dénikine et les Polonais. En réaction, le Rada proclame l’indépendance complète de l’Ukraine le 22 janvier 1918. Mais, dès le mois de février 1918, les bolcheviques prirent le contrôle des principales villes du pays, dont Kyiv, défendue pendant 12 jours par Symon Petlioura. En mars 1918, ils installèrent à Kharkov (Kharkiv) une République socialiste soviétique ukrainienne.

Symon Petlioura

C’est lors de l’avancée des bolcheviques vers Kyiv d’une division de l’Armée rouge, forte de 4 000 hommes et commandée par le Colonel Mikhaïl Mouraviev, que se situe la bataille de Krouty, le 29 janvier 1918. Je n’ai pas trouvé si ce Colonel Mouraviev avait un lien de parenté avec le Général-comte Mikhaïl Mouraviev-Vilenski, dit « le pendeur de Vilnius ». Mais il le mériterait car il se vantera, après la prise de Kyiv, de « n’avoir fait de quartier à personne et d’avoir utilisé des gaz asphyxiants ». La division commandée par ce Colonel est composée des régiments de Pétrograd et de Moscou de l’Armée rouge, ainsi que de marins de la flotte de la Baltique.  



En face, c’est un petit détachement de cadets de l’UNR, aux ordres du Capitaine Ahapiy Honcharenko, qui essaye d’intercepter les rouges. Ce détachement de 500 hommes (certaines sources disent même 300) était principalement constitué d’élèves fantassins de Sitch, d’une unité de l’Ecole des Cadets de Khmelnytskyi et de Cosaques Haïdamaks.

Le Capitaine Honcharenko

Les combats eurent lieu près de Krouty, à 130 km au nord-est de Kyiv, en réalité aux premières heures du 30 janvier 1918, même s’ils sont commémorés le 29 janvier. Près de la moitié des jeunes Ukrainiens périrent pendant la bataille qui dura près de 5 heures. Lorsque la Rada put se réinstaller à Kyiv, les 500 élèves qui avaient combattu reçurent le titre de héros de l’Ukraine.

Bien évidemment, le gouvernement soviétique ukrainien occulta la bataille. Avec le retour à l’indépendance (24 août 1991), celle-ci devint le symbole de la résistance à l’armée soviétique. En 2006, le gouvernement ukrainien érigea le mémorial des héros de Krouty sur le site même de la bataille.

Pièce de monnaie commémorative de 2001

Krouty est une des batailles les plus vénérées en Ukraine, pour sa dimension particulièrement sacrificielle. La jeune garde ukrainienne livrait son premier combat contre l’invasion bolchevique, combat inégal qu’elle ne pouvait remporter, mais devoir sacré dont elle sut courageusement s’acquitter.

Слава Україні !


NB : Cet article est largement inspiré d’un excellent article bien plus détaillé, « 30 janvier 1918 : la bataille de Krouty », du non moins excellent PanDoktor (http://scythica.fr/dok/30-janvier-1918-la-bataille-de-krouty/







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