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jeudi 20 août 2015

Juin 1940 : vers l’occupation des Etats baltes (2ème partie)


Le 25 mai 1940, le Ministre soviétique des Affaires Etrangères, Viatcheslav Molotov, présentait une note diplomatique accusant la Lituanie de l’enlèvement de trois soldats soviétiques stationnés en Lituanie. C’est sur cet incident totalement inventé que vont être montées l’invasion, l’occupation puis l’annexion de la Lituanie par l’Union soviétique. 


Viatcheslav Molotov

Au cours d’une réunion le 9 juin 1940, Molotov accusa le gouvernement lituanien de conspirer avec la Lettonie et l’Estonie et d’établir une union militaire secrète (ah, déjà la bonne vieille théorie du complot !). Lors d’une troisième réunion, le 11 juin 1940, les soviétiques continuèrent d’apporter de prétendues charges et les Lituaniens concédèrent que le Ministre de l’Intérieur, Kazys Skučas et le Directeur de la Sécurité d’Etat, Augustinas Povilaitis, démissionneraient.

Mais en fait, dès le 5 juin, les forces soviétiques dans la région de la Baltique furent placées aux ordres du Commissaire du Peuple à la Défense, Semion Timochenko. Le 7 juin, les troupes reçurent l’ordre de préparer une attaque contre la Lituanie. Dans la nuit du 14 juin 1940, les soldats soviétiques débutèrent leurs opérations, tirant sur un poste frontière près d’Alytus et tuant un policier, Aleksas Barauskas.  

Le 14 juin, juste avant minuit, à Moscou, Molotov présenta au Ministre lituanien des Affaires Etrangères, Juozas Urbšys, un ultimatum qui expirait 12 heures plus tard. Le Président Antanas Smetona souhaitait une résistance militaire. Le gouvernement d’Antanas Merkys étant partisan d’accepter toutes les demandes russes, le Président Smetona décida de quitter la Lituanie pour l’Allemagne et, conformément à la Constitution, Merkys devint Président par intérim.

Le Président lituanien, Antanas smetona

En tout état de cause, ce même 15 juin 1940, en début d’après-midi, les soviétiques pénétrèrent sur le territoire lituanien. L’armée lituanienne reçut l’ordre de ne pas résister.

Le processus sera le même en Lettonie et en Estonie. Le 16 Juin 1940, l’URSS adresse un ultimatum à la Lettonie, reprochant à celle-ci de transgresser le Pacte d’assistance mutuelle en élaborant une alliance militaire avec l’Estonie et la Lituanie (http://www.letton.ch/lvultima.htm#ultimatum ). L’ultimatum soviétique, expirant au bout de 8 heures, exigeait la formation d’un gouvernement appliquant le pacte d’assistance mutuelle et l’entrée libre d’autres unités soviétiques. (NB : Le Traité d'Entente Baltique de 1934 ne comportait en fait aucun accord militaire). Toute résistance, du fait de l’occupation déjà réalisée de la Lituanie, aurait été futile.

Les chars soviétiques entrèrent en Lettonie le lendemain, 17 Juin 1940 et un gouvernement prosoviétique sera mis en place dès le 20 Juin. Par cette agression l’Union soviétique violait 5 traités en vigueur entre l’URSS et la Lettonie ! Le 15 Juillet 1940 ont lieu des pseudos élections à liste unique, par un processus qui perdure toujours (cf. l’occupation de la Crimée et le pseudo référendum du 16 mars 2014)…… Le 21 Juillet 1940, le Parlement fantoche ainsi « élu » votera l’incorporation de la Lettonie dans l’URSS. L'occupation militaire soviétique mit fin à la souveraineté de la Lettonie et fut le prélude d'une soviétisation qui se basait sur les déportations de masse et les liquidations.

Chars soviétiques à Riga

On notera qu’aujourd’hui, la Russie dénie le fait qu’il y eut occupation. Elle trouve même des bienfaits (sic) à l’invasion de l’armée rouge. Par exemple : « Grâce à l’entrée dans son territoire de l’Armée rouge Vilnius et le port de Klaipėda ont été restitués à la Lituanie » (Sputnik, 26 août 2014). Les dizaines de milliers de personnes , y compris femmes, enfants, nourrissons, arrêtées au milieu de la nuit et déportés vers une destination inconnue, soumises à la violence et à la cruauté, torturées, fusillées apprécieront !

Déportation



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