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dimanche 30 novembre 2014

Opinion : les « idiots utiles »



L’expression « idiots utiles » a connu récemment un regain de faveur. Attribuée a priori indûment à Lénine, elle s’appliquait à l’origine pour qualifier les Occidentaux sympathisants du communisme qui reprenaient et répandaient, sans grand sens critique, la propagande de l’Union soviétique. Ils pouvaient le faire sciemment, comme Jean-Paul Sartre (« La liberté de critique est totale en URSS et le citoyen soviétique améliore sans cesse sa condition au sein d’une société en progression continuelle ». Ou se laisser abuser.

Lénine (à gauche) et Staline

L’un des sommets de la manipulation est atteint lors de la visite qu’effectue en Ukraine, du 26 août au 9 septembre 1933, l’homme politique français Edouard Herriot. Le Maire radical de Lyon, qui était quelques mois avant Président du Conseil (= Premier Ministre), se laisse abuser par la propagande soviétique qui lui a monté un voyage « à la Potemkine » alors que l’Ukraine est en plein Holodomor (génocide par la faim). Edouard Herriot ne se rend pas compte de la famine qui sévit dans le pays et déclare n’avoir vu que « des jardins potagers de kolkhozes admirablement irrigués et cultivés. {…} Lorsqu’on soutient que l’Ukraine est dévastée par la famine, permettez-moi de hausser les épaules » (Orient, publié en 1934). L’opinion française est troublée car Herriot n’est pas marxiste. Lorsqu’un journaliste communiste nie la famine, on ne le croit guère. Quand le propos vient d’un adversaire du communisme qui, de plus, s’est rendu sur le terrain, il porte d’avantage.

Edouard Herriot

Il semblerait que le terme « useful idiot » soit d’abord apparu dans le New York Times en 1948, mais n’ait été vraiment utilisé qu’à partir des années 60. C’est a posteriori qu’il a été attribué à Lénine (1870 – 1924). Car le terme en lui-même n’a jamais été découvert dans les documents de Lénine et il n’existe aucun témoignage de quelqu’un qui l’ait entendu l’utiliser. Même s’il est a contrario confirmé que Lénine ait parlé des sympathies gauchistes de certains occidentaux en termes très péjoratifs.



Peut-on dire aujourd’hui que certains de nos politiciens se comportent comme des idiots utiles en faisant l'apologie du régime poutinien comme d’autres 80 ans avant eux relayaient la propagande stalinienne ? Assurément oui quand ils proclament avec assurance, par exemple que la Crimée a toujours (sic) été russe ou qu’il n’y a pas de soldats russes en Ukraine ! La différence entre aujourd’hui et l’époque soviétique est que les techniques modernes permettent de démontrer le mensonge.

Mais il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Dans les années 30, qui correspondaient à la montée du nazisme dans l’Allemagne voisine de la France, l’Ukraine et a fortiori l’Union soviétique étaient lointaines. En 2014, les Français ont d’autres soucis et l’Ukraine et la Russie sont toujours aussi lointaines, au moins dans les esprits. Puissent les Français se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.

Vladimir Poutine




mercredi 26 novembre 2014

26 novembre 1855 : mort d’Adam Mickiewicz à Constantinople


Adam Mickiewicz est de ces Lituaniens que tout le monde croit Polonais. Et pourtant ……

Adam Bernard Mickiewicz, ou Adomas Bernardas Mickevičius, naît à Nowogrodek (Naugardukas) le 24 décembre 1798, donc peu après le troisième et dernier partage de la Pologne – Lituanie. Il est issu d’une famille de petite noblesse lituanienne, de celles qui se sont polonisées après l’Union de Lublin (1er juillet 1569), installée dans une région biélorusse du Grand-duché de Lituanie.

Après avoir étudié dans une école de Dominicains à Nowogrodek, il rejoint en septembre 1815 l’Université impériale (de langue polonaise) de Vilnius où il suit des études scientifiques et philologiques afin de devenir enseignant. Il enseignera d’ailleurs dans une école secondaire de Kaunas de 1819 à 1823.

Adam Mickiewicz est d’abord l’un des plus grands poètes romantiques européens et il est, avec Juliusz Slłowacki (Volhynien du Grand-duché de Lituanie) et Zygmunt Krasiński, l’un des trois « bardes polonais » (sic). Le fait est connu, et je ne m’étendrai pas dessus. Sinon pour rappeler que son œuvre la plus connue, « Pan Tadeusz » (« Ponas Tadas ») commence par :

Ô ma Lituanie ! Ainsi que la santé,
Seul qui te perd connaît ton prix et ta beauté.
Je vois et vais décrire aujourd’hui tous tes charmes,
Ma patrie ! et chanter mes regrets et mes larmes.  

Mais, le 1er octobre 1817, étudiant à Vilnius, il est parmi les co-fondateurs d’une société secrète, les Philomates, qui a des liens avec une société encore plus radicale, prônant l’indépendance de la Pologne, les Philarètes. En 1823, l’organisation est découverte par les autorités russes et, après un long procès, 108 membres sont emprisonnés ou envoyés aux travaux forcés (katorga) en Sibérie. Mickiewicz est emprisonné au monastère des Basiliens à Vilnius du 23 octobre 1823 au 21 avril 1824.

Plaque au Monastère des Basiliens, rappelant l'emprisonnement de Mickiewicz


A partir de 1824, Adam Mickiewicz fut banni et dut partir pour la Russie centrale, principalement à Saint-Pétersbourg (où il arriva fin novembre 1824) et à Moscou. Il alla toutefois, de février à novembre 1825, à Odessa et en Crimée, ce qui lui inspira les « Sonnets Criméens ».

En 1829, il fut autorisé à voyager en Europe et se rendit d’abord principalement dans ce qui n’était pas encore ni l’Allemagne ni l’Italie. Il n’est pas impossible qu’il ait passé des messages au profit des Carbonari (révolutionnaires italiens) et de l’argent de la part de la diaspora polonaise en France pour les insurgés polonais en Pologne.

Le 31 juillet 1832, Adam Mickiewicz s’installe à Paris où il se marie avec Celina Szymanowska le 22 juillet 1834. Pan Tadeusz est publié à Paris en juin 1834. Après une parenthèse comme professeur de littérature latine à l’Université de Lausanne (1838 – 1840), il revient à Paris tenir la chaire de langues et littératures slaves au Collège de France (1840 – 28 mai 1844).

Monument à Vilnius


Progressivement, il s’engagea en politique, allant jusqu’à créer le 29 mars 1848 à Rome une « Légion Mickiewicz », destinée à prendre part à la libération de l’Italie mais dont l’effectif restera symbolique. En France, il publie «un journal, « La Tribune des peuples », du 29 mars au 10 novembre 1849, où il soutient la démocratie et le socialisme, ainsi que les idéaux de la Révolution française. Il soutient les franco-britanniques engagés dans la guerre de Crimée, espérant l’avènement d’un nouvel ordre européen et le retour de la Pologne à l’indépendance.  

Il quitte d’ailleurs Paris le 11 septembre 1855, chargé d’une mission diplomatique par le gouvernement français vers l’Empire ottoman : organiser des unités polonaises qui combattraient les Russes sous commandement ottoman. Mais, ayant vraisemblablement contracté le choléra (certains disent qu’il aurait été empoisonné), il meurt dans son appartement du quartier de Pera à Constantinople (Istanbul) le 26 novembre 1855.  

Les restes d’Adam Mickiewicz furent transportés en France et furent inhumés au cimetière des Champeaux à Montmorency (Val d’Oise), Panthéon de l’immigration polonaise. En 1890, ils sont transférés à Cracovie et inhumés solennellement le 4 juillet dans la cathédrale du Wawel (crypte des grands poètes nationaux).  





mardi 25 novembre 2014

La Latgale, région frontalière de la Lettonie


La Latgale est l'une des quatre régions historiques et culturelles de la Lettonie, reconnues par la Constitution lettone. Elle se trouve au sud-est de la Lettonie et a des frontières communes avec la Russie, le Bélarus et la Lituanie. Sa capitale administrative est Daugavpils (101 000 habitants), mais son cœur est Rēzekne (Latgales sirds). Elle se distingue du reste de la Lettonie par sa forte minorité russe et sa religion catholique.



A l’origine, le territoire actuel de la Latgale était habité par des tribus baltes orientales, dont le langage donnera naissance au Latgallien moderne (encore parlé) et au Letton. Comme le reste de la Lettonie, la Latgale a subi les invasions de tous ses voisins.

Paysage de Latgale

Le tournant se produisit pendant le Guerre de Livonie (1558 – 1583), pendant laquelle la Latgale fut annexée (1559) par le Grand-duché de Lituanie. Le Tsar Ivan IV (le Terrible) y renonça définitivement en 1582 par la Trêve de Jam Zapolski.

En 1621, alors que la plus grande partie de la Livonie était cédée à la Suède, la Latgale resta vassale de la République des Deux-Nations polono-lituanienne. Elle sera connue depuis lors sous le nom d’Inflantie polonaise. C’est à cette époque que le dialecte Latgallien sera influencé par le Polonais et se développera séparément du Letton. Cette longue période polono-lituanienne (1559 – 1772) explique également que la Latgale soit restée catholique.

La République des deux Nations en 1635

Car, en 1772, la Latgale fut annexée par l’Empire russe et en 1865 commença une période de russification pendant laquelle le Latgallien (écrit en écriture latine) fut interdit.

En 1917, le Congrès de Rēzekne était partagé entre partisan d’une autonomie au sein de l’Empire russe et réunification avec le reste de la Lettonie. Finalement, la déclaration d’indépendance du 18 novembre 1918 stipulait que la Latgale faisait partie de la République de Lettonie, ce qui ne fut reconnu qu’en 1920 par la Russie soviétique.

En 1944, au début de la deuxième occupation soviétique, la partie orientale du district d’Abrene fut incorporée à la Fédération de Russie. Ce n’est qu’en 2007 que la Lettonie renonça à réclamer cette portion de son territoire, rebaptisée par les Russes Pytalovo. 


Pyatalovo / Abrene 
   
Aujourd’hui, on parle de la Latgale car elle est sur la liste des objectifs potentiels d’une Russie expansionniste. Il se dit même que certains s’y livreraient déjà à de la propagande pro-russe dans les régions frontalières de la Russie et prôneraient même un rattachement à la Fédération de Russie.

Mais s’en saisir ne sera pas si facile qu’en Crimée car la Lettonie est membre de l’Union Européenne et surtout de l’OTAN. Et il n’est pas sûr que les Latgalliens / Lettons, même russophones, aient envie d’être « sauvés » par Vladimir Poutine !  

Drapeau de la Latgale





lundi 24 novembre 2014

Cérémonies commémoratives en mémoire des victimes de l’Holodomor



La famine et le génocide ukrainiens de 1932 – 1933, connus sous le nom d’Holodomor,  occupent une tragique place à part dans l’histoire de l’Ukraine, mais aussi de l’Europe. Contrairement à ce que certains voudraient encore faire croire aujourd’hui, l’extermination de millions de paysans ukrainiens par une faim artificielle, a été un acte conscient et délibérément déclenché par le régime soviétique de Joseph Staline en vue d’anéantir systématiquement les aspirations du peuple ukrainien à la liberté et à l’indépendance.

Pendant les décennies qui ont suivi cette tragédie, ses raisons et son ampleur ont été passées sous silence, voire déformées, par le pouvoir soviétique. Ce n’est qu’après l’accession de l’Ukraine à l’indépendance que la vérité a été révélée. Le nombre exact de victimes reste inconnu et restera sans doute même impossible à déterminer. Suivant les historiens (sachant que les sources soviétiques étaient souvent falsifiées), l’Holodomor aurait fait entre 2,8 (sources russes) et 7 à 10 millions de morts (sources ukrainiennes). 



Le 26 Novembre 1998, le Président ukrainien Leonid Koutchma a pris un décret présidentiel désignant le quatrième samedi de Novembre comme Jour national du souvenir en mémoire des victimes de cette grande famine.

Le 28 Novembre 2006, de Parlement ukrainien a voté pour la reconnaissance de l’Holodomor comme un génocide contre le peuple ukrainien. Il semblerait en effet que, contrairement aux autres famines qui ont précédé en URSS (1921-23, 1924-26, 1927-28), et à celle qui a suivi (1946-47), celle de 1932-33 se soit distinguée par la volonté d’éradiquer le nationalisme ukrainien et de punir les paysans ayant un certain niveau d’aisance, les Koulaks. A ce titre, il s’agirait bel et bien d’un génocide.


A ce jour, 24 pays (dont les 3 Etats baltes), ont reconnu l’Holodomor comme génocide. Pas la France.

Le quatrième samedi de Novembre a été reconnu par les communautés ukrainiennes dans le monde comme le jour choisi pour se souvenir des victimes de l’Holodomor et pour promouvoir les libertés fondamentales d’une société démocratique. C’est ainsi que des cérémonies ont eu lieu hier 23 novembre à Paris, avec dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu à l’Arc de Triomphe et liturgie et requiem à la cathédrale Notre-Dame de Paris.


Ces cérémonies prennent un relief particulier dans le contexte actuel, après que la Russie ait annexé en toute illégalité la Crimée ukrainienne et fasse régner la terreur et la guerre dans le Donbass. Il est important que de tels crimes soient révélés, que la mémoire des victimes soit conservée et que la souffrance des Ukrainiens soit reconnue, afin que de telles tragédies, décidées au nom d’une idéologie mortifère, ne se reproduisent plus ou, dans le cas présent, s’arrêtent.  

mardi 18 novembre 2014

Il y a 96 ans : l’indépendance de la Lettonie


Contrairement à la Lituanie, la Lettonie (tout comme l’Estonie) n’avait pas existé en tant qu’Etat au cours de l’Histoire. Tout à tour occupée par les Chevaliers Livoniens germaniques, la Pologne – Lituanie, la Suède et surtout par la Russie depuis 1721, la nation lettone n’avait vu l’émergence d’un sentiment national que dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

En 1914, face à la perspective d’être annexée par le Reich allemand, la population lettone soutint l’effort de guerre russe. Ce n’est pas étonnant quand on sait que les barons baltes, aristocratie descendant des chevaliers germaniques, avaient continué à dominer la majorité lettone même pendant l’occupation russe tsariste et étaient unanimement détestés.

L’effondrement militaire russe après la première révolution de Février 1917 aboutit à la prise de Riga par les Allemands en Septembre 1917, et la Lettonie vivra sous domination militaire allemande jusqu’en Novembre 1918. Mais l’effacement de l’Allemagne aboutit à l’arrivée des troupes bolcheviques.

C’est à ce moment-là que les élites lettones décidèrent de proclamer l’indépendance, le 18 Novembre 1918. Mais, jusqu’à l’été 1919, l’autorité du gouvernement letton reste symbolique, en butte aux actions militaires des bolcheviques et des corps francs allemands. Les Lettons, soutenus par une flotte franco-britannique aux ordres du Capitaine de Vaisseau Jean-Joseph Brisson, devront de facto lutter jusqu’en Janvier 1920 afin que leur gouvernement, enfin installé à Riga, puisse réellement fonctionner.

 

Déclaration d'indépendance, le 18 novembre 1918

Après bien des réticences, car elles voulaient voir renaître une Russie forte et doutaient de la viabilité d’un Etat letton, les puissances alliées ne reconnaîtront de jure l’indépendance de la Lettonie que le 26 Janvier 1921, et elles accepteront son entrée à la Société des Nations en Septembre 1921.

 

Pour connaître les événements commémorant le 96ème anniversaire de l’indépendance de la Lettonie : http://www.lettonie-francija.fr/18-novembre-anniversaire-republique-Lettonie-590



Dépôt de gerbes au Monument de la Liberté ce matin


 Bonne Fête Nationale à la Lettonie et aux Lettons !






dimanche 16 novembre 2014

La Lituanie a ses Euros !


Au 1er janvier 2015, la Lituanie deviendra le 19ème Etat européen à faire partie de la zone Euro. Elle rejoint notamment l’Estonie (1er janvier 2011) et la Lettonie (1er janvier 2014). Le taux de conversion, arrêté le 23 juillet 2014, est de 3,4528 Litas pour 1 €.  

Depuis le mois d’août 2014, les commerces doivent opérer un double affichage en Euros et en Litas. Les banques commerciales sont approvisionnées en pièces par la Lietuvos Bankas depuis le 1er octobre 2014. Un total de 370 millions de pièces pour un poids de 1 740 tonnes seront frappées.



Les billets, eux, sont fabriqués par la Banque d’Allemagne, la Bundesbank. Leur acheminement a fait l’objet de trois transports par la Lufthansa et qui, in fine, ont jeté un peu la perturbation dans Vilnius. Il faut dire que, par exemple, le dernier convoi arrivé le jeudi 13 novembre dernier comportait 132 millions de billets pour un poids de 114 tonnes mais un montant inconnu ! C’est peu de dire que le transfert s’est déroulé sous haute surveillance policière, impliquant même la police anti-terroriste, les ARAS !   



La distribution dans les établissements bancaires avait commencé dès le 1er octobre 2014. Les commençants et les entreprises devront attendre le 1er décembre pour être approvisionnés en pièces et en billets.

A la même date (1er décembre) seront mis en vente des kits de pré alimentation (« starter kits ») pour le grand public. Ils contiendront 23 pièces pour une valeur de 11,59 € soit 40 litas.

On rappellera que la face nationale des pièces lituaniennes représente le Vytis ou Chevalier blanc qui figure sur les armoiries de la Lituanie. Son adoption date de 2004, suite à un sondage effectué par la Banque de Lituanie.



La double circulation (euros / litas) ne durera que du 1er au 16 janvier 2015. Le change pourra se faire jusqu’au 1er mars 2015 dans les bureaux de poste, et dans les banques commerciales jusqu’au 30 juin 2015 pour les pièces et jusqu‘au 31 décembre 2015 pour les billets. Pièces et billets seront pourront être changés « éternellement » à la Banque de Lituanie (Lietuvos Bankas).







mercredi 12 novembre 2014

Lettonie : le 11 novembre, jour de Lāčplēšis

Lāčplēšis sur le socle du Monument de la Liberté à Riga

Si le 11 novembre 1918, date de signature du cessez-le-feu mettant fin aux combats de la Première Guerre mondiale, a été largement célébré cette année en Europe, la Lettonie célèbre, elle, un autre 11 novembre.

Position de combat devant la Maison des Têtes Noires à Riga

Le 11 Novembre, les Lettons célèbrent en effet le Jour de Lāčplēšis (Lāčplēša Diena). Ce jour a pour objet de commémorer le combat de tous les habitants de la Lettonie contre tous les envahisseurs (et Dieu sait qu’ils ont été nombreux).

Le Président letton (au milieu), allant déposer une gerbe au pied du Monument de la Liberté

Mais, sur le plan historique, c’est une réminiscence du 11 Novembre 1919, victoire dans la guerre de libération nationale, qui s’est déroulée de Décembre 1918 à Août 1920. Ce jour-là marque la fin de la bataille de Riga, victoire de l’armée lettone sur celle de Bermondt-Avalov (ci-dessous), ce pseudo prince russe, mais véritable aventurier aux origines incertaines, qui avait formé des Corps francs russo-allemands, avec la bénédiction du général allemand Von der Goltz censé avoir retiré ses troupes de Lettonie. 

 
Pavel Bermondt-Avalov

Lāčplēšis fait référence au personnage central d’un poème épique éponyme, écrit entre 1872 et 1887, à l’époque donc de la Renaissance nationale du peuple letton, par Andrejs Pumpurs (1841 – 1902), une figure marquante du mouvement «Jaunlatvieši » (« Nouveaux Lettons »). Lāčplēsis avait été choisi par les dieux pour devenir le héros de son peuple. Son nom signifie pourfendeur d’ours car, jeune homme, il avait déchiqueté un ours de ses propres  mains, épisode qui apparaît sur le socle du Monument de la Liberté à Riga. Après maintes aventures, où la lutte de Lāčplēsis contre les Germaniques est omniprésente, le héros disparaît finalement dans la Daugava avec son dernier adversaire, le Chevalier noir, celui-ci ayant découvert que la force de Lāčplēsis résidait dans ses oreilles (sa mère étant une ourse). Mais la légende dit que Lāčplēsis reviendra pour libérer son pays en rejetant le monstre à ma mer. Les ennemis potentiels de la Lettonie sont prévenus.


Andrejs Pumpurs


NB : La Fête Nationale lettone tombe une semaine plus tard, le 18 Novembre, et commémore la Proclamation d’Indépendance (Latvijas republikas proklamēšana diena) du 18 Novembre 1918. Cette proximité peut être source de confusion.

 

On notera que l’Ordre de Lāčplēsis a été institué à cette occasion et que les premiers récipiendaires l’ont reçu le 11 Novembre 1920 (il a été attribué jusqu’en 1928). Parmi les récipiendaires, j’ai compté 49 Français s’étant illustrés lors de la guerre d’indépendance de la Lettonie, dont certains sont bien connus des spécialistes de cette période : le Général Niessel, le Général Janin, le Capitaine de Vaisseau Brisson et le Lieutenant-colonel du Parquet. Mais on trouve également le Maréchal Foch et le Général Weygand, ainsi que la ville de Verdun.   


Ordre de Lāčplēsis


 

 







dimanche 9 novembre 2014

9 novembre 1989 : chute du mur de Berlin …. et de nos défenses !


Au cours de la Conférence de Postdam (17 juillet – 2 août 1945), les alliés vainqueurs (Etats-Unis, Grande-Bretagne et URSS) avaient fixé le sort des vaincus, l’Allemagne, l’Italie et le Japon, et plus généralement de l’Europe. L’Allemagne est amputée de ses territoires de l’est et est partagée en quatre zones d’occupation. Staline, dont on a oublié le pacte avec Hitler du 23 août 1939, triomphe et annexe les Etats baltes, la Prusse orientale (Königsberg) et la Pologne orientale.

Mais, très vite, émerge une rivalité entre l’Union soviétique et les Occidentaux. C’est le début de la guerre froide (dont on parle beaucoup du retour ces derniers temps) et un rideau de fer (expression employée pour la première fois par Winston Churchill le 5 mars 1946) sépare l’Europe en deux. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, les soviétiques font le blocus terrestre de Berlin-ouest qui n’est contourné par les Alliés que grâce à 30 000 vols pour ravitailler la ville.

La crise du blocus accélère la division de l’Allemagne. Le 23 mai 1949, la Loi Fondamentale (= Constitution) de la République Fédérale d’Allemagne (RFA), capitale Bonn, est adoptée. Le premier chancelier est Konrad Adenauer. En retour, la République Démocratique Allemande (RDA), capitale Berlin-Est, est créée le 5 octobre 1949.



Dans la nuit du 12 au 13 août 1961 la RDA commence l’installation de barbelés puis, le 15 août, l’érection d’un mur afin de constituer « un rempart contre le fascisme » ! En fait, il s’agit de stopper l’exode des Allemands de l’est vers l’ouest qui, début août, a atteint 2 000 passages par jour. Le 27 octobre 1961, on est à deux doigts de l’affrontement direct, blindés américains et russes se faisant face pendant 16 heures de part et d’autre du Checkpoint Charlie

26 juin 1963 - John F. Kenendy "Ich bin ein Berliner"

Mais, le 18 octobre 1989, Erich Honecker, numéro 1 du Parti Socialiste Unifié d’Allemagne (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands – SED) depuis 1971, déstabilisé par les mouvements démocratiques en Hongrie et en Tchécoslovaquie, opposé aux réformes de Gorbatchev, est contraint à la démission. Dès le 31 octobre 1989, à Dresde et à Leipzig, puis le 4 novembre à Berlin-Est (un demi-million de personnes sur l’Alexander Platz), les Allemands de l’est manifestent pour réclamer notamment des élections libres et la liberté de la presse. 


Le 9 novembre 1989 au soir, l’incroyable se produit : Günter Schabowski, porte-parole du SED, déclare à la presse que les voyages privés vers l’étranger sont autorisés sans justificatif, mesure qui entre en vigueur immédiatement, ce qui provoque un afflux des Allemands de l’Est pour franchir le mur. Le 3 octobre 1990, l’Allemagne est réunifiée.


Depuis la « chute » du mur de Berlin, beaucoup ont cru que l’Europe était définitivement entrée dans une ère de paix éternelle. Ainsi, dès 1990, Laurent Fabius, Premier Ministre français, voulait « engranger les dividendes de la paix », considérant l’absence de menace visible. C’était oublier qu’au sein de l’URSS des Nations étaient encore assujetties, à commencer par les trois Etats baltes, où l’URSS a encore tué en janvier et juillet 1991.

Pour ne citer que la France, la lente décrue des budgets de la Défense est une constante depuis la chute de l’empire soviétique. Alors même que nous n’avons jamais autant fait la guerre : Bosnie-Herzégovine, Serbie-Kosovo, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye, Mali, le budget de la défense est clairement considéré comme une variable d’ajustement. Or, pendant le même temps, la Russie modernisait son outil de défense, la part réelle des dépenses consacrées, au sein du budget fédéral, à la défense nationale devant passer de 2,8 % du PIB en 2011 à 3,8 % en 2016. En 2013 (source : Banque Mondiale), il était de 2,3 % en Grande-Bretagne, 2,2 % en France, 1,3 % en Allemagne et, pour mémoire, 1,0 % en Lettonie et 0,8 % en Lituanie ! 


Le 9 novembre 1989, ce n’est pas seulement le mur de Berlin qui est tombé. Ce sont aussi nos défenses.