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jeudi 14 août 2014

Août 1991 : retour sur l’étrange putsch de Moscou


(En avance sur le calendrier en raison de contraintes personnelles, le présent post revient sur le putsch de Moscou des 19 – 21 août 1991, sur lequel on peut encore légitimement se poser des questions).


Mikhaïl Gorbatchev avait été nommé secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, le 11 mars 1985. Il s’efforce de sauver le système soviétique en lançant dès 1985 un programme de réformes, mettant en place une politique de transparence politique (glasnost) et de restructuration économique (perestroïka).  

Ces changements déclenchèrent des résistances de la part des membres conservateurs du parti communiste, mais aussi des agitations nationalistes de la part des minorités non russes de l’URSS. Sur ce dernier point, les Républiques constituant l’URSS (à l’exception notable des Etats baltes qui avaient déjà déclaré leur indépendance) acceptèrent un traité qui leur donnait une autonomie presque totale, au sein d’une fédération où seules la politique étrangère et la politique de défense seraient communes. Ce traité devait être signé le 20 août 1991.

Or, la veille, 19 août 1991, un groupe se faisant appeler le « Comité d’Etat pour l’état d’urgence » (ГКЧП), essaya de prendre le pouvoir à Moscou. Ce groupe annonça que Gorbatchev, en vacances à Foros en Crimée, était malade et que le vice-président de l’Union soviétique, Guennadi Ianaïev était nommé président pas intérim. Le comité de 8 membres comportait également le responsable du KGB, Vladimir Krioutchkov, le Ministre de l’Intérieur, Boris Pougo, et le Ministre de la Défense, Dmitri Iazov. Or ces hommes d’expérience, à des postes clés, n’utilisent pas les moyens qu’ils possèdent pour prendre réellement le pouvoir !   

Les putschistes

Le Comité utilise les anciennes méthodes, la censure et l’interdiction des médias, tout en restant muet, enfermé au Kremlin. Ses membres vont trouver en face d’eux Boris Eltsine, Président élu de la fédération de Russie, une des républiques constituant l’URSS, va alimenter un courant d’information en continu, faisant appel à l’émotion, à la dramatisation.

En effet, à la nouvelle du coup d’Etat, Boris Ieltsine se rend le 19 août à 10 heures du matin au Parlement, monte sur un des chars mis en place par les putschistes et, dans une déclaration très médiatique, dénonce le coup d’Etat et appelle à la grève générale. Là encore, le Comité d’Etat laisse diffuser par la télévision, que pourtant il contrôle, des images d’Eltsine fraternisant avec les tankistes et faisant son discours ! 

Boris Eltsine, debout sur un char, arrangant la foule devant la "Maison Blanche" (Parlement russe)
   
Il y eu des heurts contre les manifestants, mais, dans l’ensemble, il y eut très peu de violences, et le fait que les troupes se rangent, le 21 août, du côté des manifestants et donc d’Eltsine, signa la fin du putsch.

La conséquence la plus spectaculaire de l’échec du putsch fut que l’URSS reconnut l’indépendance des Etats baltes, puis celle des autres républiques qui suivirent. L’URSS devint une coquille vide et, le 8 décembre 1991, les dirigeants de la Russie (Boris Eltsine), du Bélarus (Stanislav Chouchkievitch) et d’Ukraine (Leonid Kravtchouk) se réunirent à Minsk pour annuler le traité de 1922 qui avait établi l’Union soviétique. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionna de son poste de président soviétique : l’Union soviétique avait cessé d’exister.

Gorbatchev à son retour de Crimée

Ce qui est moins connu, c’est que, dans les mois qui suivent le putsch, l’aide occidentale à l’Union soviétique est augmentée. Le 21 novembre 1991, le G7 accorde un report de paiement des intérêts de la dette publique soviétique et octroie de nouveaux crédits.

Certains, comme par exemple Vladimir Boukovski, pensent que le putsch n’aurait été en fait que l’application d’un scénario monté avec Gorbatchev, destiné à une reprise en main du style Jaruzelski contre Solidarnosc en Pologne en 1980. Il faut en tout état de cause souligner qu’in fine le grand gagnant de ce putsch a été le Président russe Boris Eltsine.




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