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vendredi 28 juin 2013

Faut-il avoir peur de « Zapad-2013 » ?


Du 20 au 26 septembre 2013 auront lieu au Bélarus les manœuvres « Zapad-2013 » (« Ouest »), conjointes entre la Russie et le Bélarus.  Alors que les Russes distillent les premières informations sur la manœuvre, il semblerait que celle-ci ressemble fort à la précédente, « Zapad-2009 ».

D’après le thème de « Zapad-2009 », la Pologne et la Lituanie attaquaient le Bélarus suite à de prétendues exactions contre la minorité lituanienne au Bélarus. La situation se tendait progressivement jusqu’à entraîner des frappes nucléaires russes, rien que ça !

Les présidents Lukashenka et Medvedev assistant à "Zapad-2009"

Si donc « Zapad-2013 » reprend le même thème qu’en 2009, et alors que la plus grande menace pour la sécurité de la Russie semble plutôt être des « groupes armées illégaux » (comprendre des terroristes), il semblerait donc que l’exercice de cette année prépare à une guerre conventionnelle, au moins régionale.

Faut-il y voir un rapport ? La Russie a annoncé ce mercredi 26 Juin, par la voix du Général Viktor Bondarev, commandant en chef des forces aériennes russes, qu’elle implantera à proximité de Lida, au Bélarus, près des frontières polonaise et lituanienne, une base aérienne qui devrait être opérationnelle dès 2013, devant recevoir des chasseurs modernisés Sukhoï Su-27SM3. Arturas Paulauskas, président de la Commission de Défense du Seimas lituanien, a déclaré qu’un tel déploiement ne contribuerait pas à améliorer les relations entre Moscou et Vilnius. Selon lui, le seul objectif de cette "concentration de forces" est "d'influer sur la politique intérieure de la Lituanie".

Sukhoï SU-27

Il semblerait que toutes ces gesticulations montrent que l’analyse russe de la menace ait fait de la  zone baltique sa « zone de choix ». Il s’agit sans doute d’une réponse à un possible déploiement de la défense anti-missiles OTAN, le fameux « bouclier anti missile » (Rappelons que celui-ci, dispositif défensif, sera composé d’un radar installé en Turquie, de missiles SM-3 sur des frégates « Aegis » en Méditerranées et d’intercepteurs implantés en Pologne et en Roumanie).


Dans toute action russe, il y a également un objectif intérieur à considérer. De dangereux ennemis extérieurs sont nécessaires pour justifier des restrictions intérieures de liberté. Un récent sondage du Centre Levada montrait d’ailleurs que, pour les Russes, les pires ennemis de la Russie étaient, dans l’ordre, les Etats-Unis (38 %), la Géorgie (33 %), la Lettonie (21 %), la Lituanie (17 %) et l’Estonie (16 %). On notera pour l’anecdote qu’à eux trois les Etats baltes ne disposent d’aucun char de combat !!......  

Troupes russes en Géorgie en 2008

mardi 25 juin 2013

Inscription de la cité antique de Chersonèse (Ukraine) au patrimoine mondial de l’UNESCO



Lors de sa réunion du dimanche 23 Juin à Phnom Penh (capitale du Cambodge), le comité du patrimoine mondial a inscrit, avec deux autres sites, la cité antique de Chersonèse Taurique, en Crimée (Ukraine) sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

La Chersonèse Taurique a été fondée sur la côte septentrionale de la Mer Noire pendant la grande colonisation grecque du Ve siècle avant Jésus-Christ. Elle a existé sans interruption pendant 2 000 ans, jusqu’au XIVe siècle.


A l’origine, c’était un petit poste commercial à proximité des installations portuaires de la Baie de la Quarantaine (Sébastopol). Ce poste s’est développé au cours du IVe siècle av. JC jusqu’à devenir une cité-Etat grecque classique (polis).  

Le site comprend six parties correspondant aux vestiges de la cité en elle-même et à son arrière-pays agricole, divisé en plusieurs centaines de chôra, des parcelles rectangulaires de taille égale. Dans ces parcelles se pratiquait la viticulture, dont la production était exportée. Ce commerce a perduré jusqu’au XVe siècle. Au IIIe siècle av. JC, l’endroit était considéré comme le centre viticole le plus productif de la zone de la Mer Noire et il est longtemps resté comme un nœud commercial entre les empires grec, romain et byzantin, ainsi qu’avec les populations du nord de la Mer Noire.  


(Description complète du site – en Anglais – sur http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/5659/)

 L’Ukraine a désormais 7 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, 6 sites culturels et 1 site naturel :
      # A Kyiv, la cathédrale Sainte-Sophie et l’ensemble monastique de Kievo-Petcherski (1990)
      # A Lviv, le centre historique (1998)
      # La partie ukrainienne de l’arc géodésique de Stuve
      # Les forêts primaires de hêtre des Carpates (naturel – 2007)
      # La résidence des métropolites de Bucovine (2011)
      # Les tserkvas (églises) en bois de la région des Carpates (2013)
      # La cité antique de Chersonèse (2013)





lundi 24 juin 2013

Présidence lituanienne du Conseil de l’Union Européenne


A partir de ce 1er Juillet 2013, la Lituanie assurera la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne. Aujourd’hui est le premier d’une série d’article visant à mieux faire connaître ce qu’est cette présidence. Suivront les priorités lituaniennes de la présidence et un rappel sur ce qu’est la Lituanie aujourd’hui.

Tout d’abord, il ne faut pas confondre la Présidence (tournante) du Conseil de l’Union Européenne avec la Présidence du Conseil Européen, dont le titulaire est Herman van Rompuy, ni avec la Présidence de la Commission Européenne, dont le titulaire est José Manuel Durão Barroso.

Herman van Rompuy et Dalia Grybauskaite 
Le Conseil de l’Union Européenne est constitué des Ministres des 27 (bientôt 28) Etats membres en lien avec l’ordre du jour de chaque réunion (par exemple les Ministres des Finances, ou les Ministres de la Santé, de l’Agriculture, etc.……). Il décide des actes législatifs et budgétaires au sein de l’UE. Il élabore le projet de budget en liaison avec le Parlement Européen. C’est, de fait, l’une des principales institutions de l’UE avec la Commission et le Parlement.

Le Conseil se divise en de multiples sous-conseils ou « formations »:
  1. Affaires générales (Ministres des Affaires étrangères)
  2. Relations extérieures
  3. Affaires économiques et financières (ECOFIN)
  4. Agriculture et pêche
  5. Justice et affaires intérieures
  6. Emploi, politique sociale, santé, protection des consommateurs
  7. Compétitivité
  8. Transports, télécommunications et énergie
  9. Environnement
  10. Education, jeunesse, culture et sport
Depuis 2007, la présidence voit la coopération des gouvernements de trois États membres à la fois, bien qu'un seul tienne officiellement la présidence, amenant ainsi chaque État membre à participer à la présidence pour une période de dix-huit mois. En 2013, la Présidence tournante est constituée de l’Irlande (1er Janvier – 30 Juin), de la Lituanie (1er Juillet – 31 Décembre) et de la Grèce (1er Janvier – 30 Juin 2014).

La Présidence tournante a pour tâches principales de :
#   Présider le Conseil et ses divers comités (environ 3 400 réunions dont 200 dans le pays qui préside)
#   Représenter le Conseil dans ses relations avec les autres institutions de l’UE, notamment la Commission et le Parlement
#   Appliquer le principe de l’impartialité de façon à faciliter le consensus entre tous les Etats membres


A noter d’ores et déjà que la Présidence lituanienne connaîtra deux événements majeurs sur lesquels je reviendrai ultérieurement :
      #   Le 1er Juillet 2013, la Croatie deviendra le 28ème membre de l’Union Européenne
      #   Les 28 et 29 Novembre 2013 aura lieu à Vilnius le sommet du Partenariat Oriental qui décidera si l’UE signe ou non un Accord d’Association avec l’Ukraine.

Le Ministère des Affaires Etrangères ukrainien







dimanche 23 juin 2013

De retour……


Après 15 jours d’absence et près de 4000 km à travers la France plus loin, me voici de retour. Bien évidemment, le monde, y compris le monde balte, a continué de tourner.

Dans les jours qui viennent, j’essaierai d’évoquer la Présidence lituanienne du Conseil de l’Union Européenne, et notamment les chances de signature de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE. J’évoquerai également le futur exercice russo-bélarusse Zapad-2013 dont le thème, qui a des relents très « back to USSR », concerne directement la Pologne et la Lituanie.

Mais comment ne pas déjà parler du feu qui a ravagé une partie du château de Riga (Lettonie), siège de la Présidence de la République Lettone et du Musée National d’Histoire dans la nuit du 20 au 21 Juin. Au total 3 200 m2 ont été la proie des flammes, dont 2 400 m2 de combles et de charpente en bois, mais aussi des salles de réception de la Présidence. Des objets du Musée National ont été abimés par l’eau mais aucun n’a été apparemment détruit. C’est le feu le plus important qu’ait affecté la Lettonie depuis des années et le Président Andris Bērziņš a parlé de désastre national.


Les causes de cet incendie sont encore inconnues, mais des travaux de rénovation étaient en cours, ce qui pourrait être une piste. Les pompiers sont arrivés rapidement sur place, mais il semblerait que leur matériel, dont une moitié date encore de l’époque soviétique, aiurait pu être plus performant...... On déplore uniquement un pompier intoxiqué.






mercredi 5 juin 2013

Absence pour raison de ……"Tour du monde"


Je vais être absent de demain jeudi 6 Juin au samedi 22 Juin soir. Une des raisons de cette absence sera un …… Tour du monde, mais en deux jours, selon le slogan des Journées Consulaires de Lyon !!



Je rappelle que les Fêtes Consulaires se tiennent place Bellecour à Lyon 2° (Métro A et D, station Bellecour). Nous vous y accueillerons, notamment au stand de la Lituanie) le samedi 8 Juin de 11H à 20H et le dimanche 9 Juin de 12H à 18H. L’accès en est gratuit, donc il n’y aura aucune excuse pour les absents !

Les jours qui suivront me verront successivement à Chamonix, Genève (non, je n’ai pas d’argent à planquer !), Romans-sur-Isère et Hyères.


A vous revoir le 23 Juin. 

Chamonix-Mont-Blanc


lundi 3 juin 2013

3 Juin 1988 : création de "Sajūdis" en Lituanie


Dans la seconde moitié des années 80, encouragés par la rhétorique de Mikhaïl Gorbatchev, remarquant que la position du syndicat Solidarność se renforçait en Pologne, soutenus par le Pape et les Etats-Unis, les mouvements indépendantistes commencèrent à organiser des manifestations publiques dans les trois capitales baltes. Mais c’est en Lituanie que tout commença vraiment.

Le 3 Juin 1988, des intellectuels lituaniens, communistes et non communistes, formèrent le Groupe d’Initiatives Sąjūdis (= Unité / en lituanien : Sąjūdžio Iniciatyvinė Grupė), lors d’une réunion à l’Académie des Sciences. Le but était de soutenir le programme glasnost (transparence), démocratisation et perestroïka (reconstruction) de Gorbatchev. Le groupe était constitué de 35 membres, principalement des artistes, dont 17 étaient membres du parti communiste.

Le 24 Juin 1988, la première manifestation de masse de Sąjūdis réunit 100 000 personnes au Parc Vingis à Vilnius. Le 23 Aout 1988, ils furent 250 000 à protester contre le pacte Molotov-Ribbentrop et ses protocoles secrets.

En Octobre 1988, Sąjūdis tint son congrès fondateur à Vilnius et élit un conseil de 35 membres. Vytautas Landsbergis, un professeur de musicologie, non membre du parti communiste, en fut élu Président.

Vytautas Landsbergis

En Février 1989, Sąjūdis déclara que la Lituanie avait été annexée de force par l’Union soviétique et que le but ultime du mouvement était le retour à l’indépendance.

Le 23 Août 1989, une chaîne humaine de 2 millions de personnes réunit Vilnius et Tallinn via Riga, afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur les aspirations des Pays Baltes.

En Décembre 1989, le parti communiste de Lituanie fit sécession du parti communiste d’Union soviétique et accepta d’abandonner le monopole du pouvoir. Aux premières élections libres de Février 1990, Sąjūdis put ainsi obtenir la majorité absolue (101 sièges sur 141) au Conseil suprême de la République Soviétique de Lituanie. Vytautas Landsbergis fut élu Président du Conseil suprême. Le résultat des élections conduisit à la déclaration du retour à l’indépendance du 11 Mars 1990.

Comme les opinions publiques sont versatiles, les élections législatives de 1992 ont été remportées par le Parti Démocratique du Travail, qui n’était autre que l’ancien parti communiste. Mais, par la suite, l’alternance continua à jouer, et la Lituanie redevint un Etat démocratique qu’il n’aurait cessé d’être s’il n’avait été occupé pendant 50 ans par l’Union soviétique.

On voit donc que ce 3 Juin 1988 fut un jour très important non seulement pour la Lituanie, mais aussi par les nations occupées par les soviétiques. 





dimanche 2 juin 2013

Cagliostro, Mitau / Jelgava et la franc-maçonnerie


Giuseppe (Joseph) Balsamo est un nom qui vous dit sans doute quelque chose, ne serait-ce que par le roman éponyme d’Alexandre Dumas père. C’est un aventurier né le 2 Juin 1743 (ce qui explique la raison de ce post aujourd’hui) à Palerme, personnage mystérieux qui eut son heure de gloire dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle sous le pseudonyme  d’Alessandro, comte de Cagliostro.

Giuseppe Balsamo

Rentré à douze ans au séminaire, prenant l’habit des Frères de la Miséricorde, il fut chassé de son ordre pour indélicatesses et escroqueries. A partir de là, sa vie est faite de voyages (sous des noms d’emprunt), au cours desquels il apprend quelques « secrets » d’alchimie et de médecine et se crée une réputation grâce à des cures « merveilleuses ».

C’est ainsi que Balsamo arrive à Mitau (actuelle Jelgava en Lettonie), alors capitale du Duché de Courlande et Sémigalle (Kurzeme un Zemgale), à la fin Février 1779, en provenance de Königsberg (actuelle Kaliningrad). C’est à cette époque que Joseph Balsamo prend le pseudonyme de comte de Cagliostro.

Château de Mitau / Jelgava

Initié à la franc-maçonnerie lors de son passage à Londres, Cagliostro et son épouse, Lorenza Feliciani) créent plusieurs loges à Mitau, et notamment la loge mixte « Trois cœurs couronnés » (ou « Trois épées couronnées »), inspirée du rite égyptien (mélange de science hermétique, de divination, d’évocation, de morale, avec les offices usités par les Chrétiens). Un rival, le baron von Heyking, crée en 1782, toujours à Mitau, une loge d’adoption, c'est-à-dire une loge féminine sous la tutelle d’une loge masculine. Des personnalités de haut rang affluent autour du couple et il est même prétendu que Cagliostro en profita pour comploter pour que le Duché de Courlande devienne souverain (il était alors formellement vassale du Royaume de Pologne).

Le Duc Peter von Biron règne sur la Courlande de  1769 à 1795

Il est également prétendu que Cagliostro amassa à Mitau une grande quantité de trésors et d’argent, ce qui lui permit de se mettre en route pour Saint-Pétersbourg et de s’y installer comme médecin. Il y communique avec les esprits, fait des miracles et multiplie les adeptes. Par contre, Catherine II semble imperméable à l’engouement du moment, écrivant : « Je me suis mise à lire toutes les bêtises et absurdités maçoniennes (sic) ».

De retour en France (Bordeaux 1783 – 84, Lyon 1784), il arrive à Paris en 1785 où il est arrêté dans la cadre de l’affaire du collier de la Reine. Disculpé en 1786, il est néanmoins expulsé de France. Ses affaires ne s’arrangent pas pour autant, car il est arrêté en 1789 à Rome par l’Inquisition et jeté, à la fin de son procès en 1791, dans la prison papale de San Leo, près d’Urbino. Il y mourra le 26 Août 1795.  

Armoiries du Duc Peter von Biron