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dimanche 27 janvier 2013

Les sites lituaniens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO



Le 16 Novembre 1972, l’UNESCO (Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture) a adopté sa convention destinée à protéger le patrimoine culturel et naturel mondial des destructions et dégradations dues à des causes naturelles ou humaines.
A ce jour, quatre sites sont, en Lituanie, inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Il s’agit de (par ordre chronologique d’inscription) :

   # Le centre historique de Vilnius (1994). Centre politique du Grand-duché de Lituanie du début du XIVe siècle (1323) jusqu’en 1795, Vilnius, malgré invasions et destructions a conservé un ensemble imposant de bâtiments historiques de styles gothique, renaissance, baroque et classique. Près de 40 % de ces bâtiments sont considérés comme ayant la plus grande importance architecturale et historique.


    # L’isthme de Courlande (ou Kuršių Nerija - 2000). L’isthme de Courlande, dont la formation a commencé il y a 5 000 ans, est un exemple exceptionnel de paysage de dunes de sable sous la menace constante de forces naturelles (vents et marées). Après des interventions humaines désastreuses (surexploitation du bois à partir du XVIe siècle) qui ont menacé sa survie, l’isthme a été reconquis grâce à des travaux commencés au XIXe siècle. Le site est toujours menacé par l’exploitation pétrolière dans sa partie russe.


    # Le site archéologique de Kernavė (2004). Le site de Kernavė (194,4 ha) représente le témoignage exceptionnel d’établissements humains dans la région sur une période de 10 000 ans. C’est un ensemble complexe de biens archéologiques, historiques et culturels depuis la fin du paléolithique jusqu’au Moyen-âge, dont la partie la plus visible réside dans 5 collines jadis fortifiées qui faisaient partie d’un système de défense d’une envergure exceptionnelle.


    # L’arc géodésique de Struve (2005). L’arc de Struve est un réseau de triangulation, réalisé entre 1816 et 1855 par l’astronome Friedrich Georg Wilhelm Struve, qui s’étend de Hammerfest en Norvège jusqu’à la Mer Noire. Ce fut la première mesure exacte d’un long segment de méridien qui a servi à déterminer la taille et la forme exactes de la terre. Sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO 34 des 265 points fixes d’origine. 3 bornes parmi les 34 de l’arc géodésique se trouvent sur le territoire de Lituanie, ce sont : Meškonys (Nemenčinė), Paliepukai (Nemėžis) et Gireišiai (district de Rokiškis) 

(A propos de l’arc de Struve en Lituanie, voir également  http://gillesenlituanie.hautetfort.com/archive/2008/02/06/l-arc-geodesique-de-struve.html)


En outre, le parc national historique de Trakai est inscrit à la liste indicative, antichambre de la liste du patrimoine mondial, depuis 2003. Peut-on espérer y voir un jour la Colline des Croix qui, à ma connaissance, est un site unique au monde ?

Pour mémoire, la Lettonie a deux sites inscrits au patrimoine mondial (le centre historique de Riga et l’arc géodésique de Struve) et l’Estonie également deux (le centre historique de Tallinn et l’arc géodésique de Struve). 

jeudi 24 janvier 2013

Stendhal, Capitaine de Dragons en Lituanie



Profitons du prétexte de l’anniversaire de la naissance de celui qui n’était encore qu’Henry Beyle, le 23 Janvier 1783 à Grenoble, pour évoquer le passage en Lituanie d’un des plus célèbres participants, à défaut d’être parmi les plus glorieux, de la campagne de Russie de 1812, Stendhal.

Monté à Paris à l’âge de 16 ans, plus préoccupé d’ « être un séducteur de femmes » que de préparer le concours de Polytechnique, il se retrouve finalement secrétaire de son cousin Pierre Daru au Ministère de la Guerre, lequel l’emmène, le 7 Mai 1800, faire la campagne d’Italie. Ce sera pour lui la révélation de l’Italie, qui sous-tendra toute sa vie. Le 23 Septembre 1800, il est nommé Sous-lieutenant au 6e Régiment de Dragons.
Pierre Daru

Rentré à Paris en 1802, il repart en campagne en Allemagne le 16 Octobre 1806. Grâce à Pierre Daru, devenu Commissaire général de la Grande Armée, puis Intendant général des pays conquis, Henry Beyle est nommé Commissaire de guerre adjoint, en poste à Brunswick. Après l’occupation de Königsberg (Kaliningrad actuelle), il pense que la campagne va se prolonger vers Saint-Pétersbourg, via la Courlande. Mais les Traités de Tilsit (7 Juillet avec la Russie, 9 Juillet avec la Prusse) l’empêcheront de voir la Lituanie et il devra attendre 5 ans avant d’y revenir.

Son ascension sociale ne commencera que le 1er Août 1810, quand il sera nommé Auditeur au Conseil d’Etat, puis, le 22 Août, Inspecteur de la comptabilité des Bâtiments et du Mobilier de la Couronne.

Le 23 Juillet 1812, Henry Beyle quitte Paris, chargé de courriers et de paquets pour l’Empereur qui vient de quitter Vilnius le 16 Juillet en direction de Moscou. Beyle/Stendhal atteint Marijampolė dans les premiers jours d’Août et franchit la Bérézina le 12 Août vers Bojarinkov, où se trouve l’état-major impérial. « Capitaine de Dragons grassouillet et vaniteux » (Paul Britten Austin), il se trouve à Moscou le 15 Octobre, quatre jours avant son évacuation.

La Maison Frank / Stendhal

Chargé de convoyer 1 500 blessés vers Smolensk le 7 Novembre, Henry Beyle en profitera pour anticiper la retraite, quittant Smolensk le 11 Novembre et atteignant Vilnius dans la soirée du 6 Décembre. Il en repart le 7 ou le 8 Décembre vers Kaunas, puis Königsberg, après avoir a priori rendu visite aux états-majors du Commissaire en chef et du Chef trésorier, installés dans l’actuel Institut Français de Vilnius, au 1 rue Didžioji. Ce qui vaut à ce bâtiment, connu des Lituaniens comme la Maison Frank, d’être appelé Maison Stendhal par les Français, alors que le futur écrivain n’y a apparemment pas séjourné.


Henry Beyle ne rejoindra Paris que le 31 Janvier 1813. Il participera à nouveau, mais sans conviction, à la Campagne d’Allemagne au printemps 1813 et finalement se réjouira de la chute de Napoléon 1er.  Il n’écrira ses premiers essais qu’en 1817, l‘«Histoire de la peinture en Italie » sous son vrai nom, et « Rome, Naples et Florence » sous le pseudonyme de M. de Stendhal, Officier de cavalerie !  


lundi 21 janvier 2013

Surprise : en hiver il peut neiger !



Depuis quelques jours, la France vit au rythme des chutes de neige. Oh, rien à voir avec ce qui a pu tomber à Norilsk (cf. ci-dessus) ! Mais suffisamment pour mettre une étonnante pagaïe.

Prenons l’exemple de l’Indre-et-Loire où je réside. Comme le titre La Nouvelle République, « Un peu de neige et tout fonctionne au ralenti ». Au ralenti comme les TGV qui roulent à 170 km/h. Ou comme les Fil Bleu et Fil Vert (transport de bus de l’agglomération tourangelle) qui fonctionnent « en mode dégradé ». Ou comme la SNCF dont les caténaires et les aiguillages sont paralysés par le froid (pensez, il a fait jusqu’à – 6° !).



Voire ne fonctionnent pas du tout comme le ramassage scolaire du Conseil Général (simple principe de précaution car, dans mon secteur, toutes les routes, même secondaires, sont « au noir »). Plus local, mais tout aussi désagréable, le facteur n’est pas passé samedi, que ce soit chez moi ou chez des amis à Saint-Patrice, à 10 km de là (droit de retrait ?). Et je ne parle pas de l’avion Londres-Tours qui est allé atterrir à Nantes !   



Ceux de mes lecteurs qui connaissent bien les Pays baltes sont en droit de sourire. Eux que l’on traite souvent avec condescendance, voire avec mépris, seraient en droit de nous donner des leçons. Pour avoir pris régulièrement le bus ou l’avion en plein hiver, parfois en pleine tempête de neige, je peux témoigner qu’il va de soi qu’ils partent et arrivent à l’heure, et ce avec 40 cm de neige par exemple. Et le fait qu’il fasse parfois – 20 ou – 25° ne saurait perturber la vie quotidienne.

On me rétorquera : « Oui, mais eux ont l’habitude ! ». Certes, mais j’ai le sentiment que, tous les hivers, en France, on redécouvre qu’il peut faire froid et qu’il peut neiger !   


dimanche 20 janvier 2013

Où va la flotte russe ?




Ce samedi 19 Janvier ont débuté « les exercices navals les plus importants de ces dernières décennies » d’après le service de presse du Ministère de la Défense russe, propos rapportés par RIA-Novosti. Le 10 Janvier, le nouveau Ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, déclarait même que «  la Marine russe mènera les plus importants exercices de son histoire »  Y participent des navires des flottes de la Mer Noire (port d’attache principal : Sébastopol), du Nord (Severomorsk, dans l’oblast de Mourmansk), de la Baltique (Baltiisk, dans l’oblast de Kaliningrad, et Cronstadt) et du Pacifique (Vladivostok).

Sont censés y participer (entre autres) :
    Le croiseur lance-missiles Moskva
    Les navires de lutte anti sous-marine Maréchal Chapochnikov, Severomorsk et Smetlivy
    La frégate Iaroslav Mudriy
    Des navires de débarquement permettant de mettre à terre des hommes de l’Infanterie de Marine et ceux du 108e Régiment des Cosaques du Kouban (Division aéroportée de Novorossirsk).
    Des navires de soutien


En tout, il devrait y avoir 11 navires de combat totalisant plus de 60 000 tonnes à pleine charge et qui embraqueraient près de 2 400 hommes d’équipage.

Selon toujours RIA-Novosti le 2 Janvier, « le scénario des exercices militaires prévoit la simulation d’embarquement de l’infanterie de marine et des troupes aéroportées sur des navires de débarquement depuis la côte non équipée du Caucase du Nord ». 

L’embarquement est un acte technique qui ne pose généralement pas de problème. Par contre, un débarquement (car c’est quand même plus la vocation des troupes qui embarquent……) peut s’avérer plus délicat car il se passe souvent en un lieu méconnu, voire hostile.

Ce secret entourant la mission exacte de cette escadre alimente donc tous les fantasmes. A commencer par : un débarquement, mais où ?

Certains prédisent un exercice de débarquement sur les côtes ……syriennes (Rus Navy Intelligence). D’autres, médias européens et turcs, cités par « La Voix de la Russie » y voient un plan de préparation de l’évacuation des citoyens russes de Syrie, et même de l’exfiltration de Bachar-el-Assad. Rumeurs démenties par le Ministère russe des Affaires Etrangères. Certains, remarquant que des navires américains, dont le porte-avions Eisenhower,  avaient quitté la zone récemment, parlent d’un « complot russo-américain, témoignant du rapprochement des positions des deux pays face à la menace extrémiste.  


Un site internet canadien affirmait même ce matin que six navires (le croiseur Moskva, le patrouilleur Smetlivyi, les navires de débarquement Novotcherkassk et Saratov, ainsi qu’un remorqueur et un navire-citerne) avaient reçu l’ordre de se positionner au large de Gaza afin d’évacuer les civils russes si les hostilités entre Israël et Gaza devaient reprendre.

Qui croire ? Comme bien souvent, affaire à suivre !......  







samedi 19 janvier 2013

19 Janvier : fête orthodoxe de la Théophanie



Le baptême du Christ, ou Théophanie,  est l’une des douze grandes fêtes liturgiques du calendrier orthodoxe. Elle correspond à l’Epiphanie de l’Eglise catholique (6 Janvier), mais, certaines Eglises orthodoxes utilisant encore le calendrier julien (russe, serbe, géorgienne,…), elle tombe pour celles-ci le 19 Janvier du calendrier grégorien.

Selon les Evangiles, le Christ, par son baptême dans le Jourdain par Saint-Jean Baptiste, est manifesté ce jour-là comme Fils de Dieu, ce qu’indiquent les radicaux grecs, théo – « dieu » et phan – « apparition ». Les églises de rites orientaux célèbrent en même temps la bénédiction des maisons et la bénédiction des eaux par le Christ. Les traditions sont donc différentes de celles des Eglises d’occident.

La veille de la Théophanie, on procède à la bénédiction des eaux baptismales. Le clergé va en procession vers un bassin rempli d’eau, prie Dieu de sanctifier l’eau, trace sur cette eau le signe de la croix et finalement y plonge la croix elle-même, symbolisant le baptême du Christ dans le Jourdain.


Le jour de la Théophanie, les prêtres vont, après la liturgie, à travers les villages faire la bénédiction des maisons. On y prépare une table avec un bol d’eau bénite, une branchette pour asperger, une icône, une bougie et la liste des noms des vivants et des défunts que le prêtre offrira à Dieu.


Ce même jour de la Théophanie, les prêtres bénissent également les eaux en immergeant un crucifix dans la mer, les rivières et les lacs. C’est cette tradition, qui vise à faire fuir les « petits démons », qui est la plus connue en occident. En effet, en Russie, les prêtres creusent (ou sans doute font creuser…) un trou en forme de croix sur la glace d’une rivière ou d’un lac et font sur place l’office de la bénédiction des eaux. Ces trous s’appellent « Yordan », réminiscence notoire avec le nom de  Jourdain. Il en est creusé environ 2 600 dans l’ensemble de la Russie. Les Russes se baignent alors dans l’eau glacée.




Cette nuit (18/19 Janvier) ce sont, d’après la police de la capitale russe, quelques 92 000 Moscovites qui ont respecté le rite de la Théophanie en plongeant dans l’eau glacée à 60 endroits répertoriés de la ville. C’est beaucoup plus que l’année dernière, où ils n’étaient que 58 000. Il faut dire que, cette année, il ne faisait « que » - 10° C. 

Des vidéos :

Il y a des jours comme ça où je remercie mes parents de ne pas m’avoir baptisé dans la foi orthodoxe……


vendredi 18 janvier 2013

Montesquieu et la Lituanie



Vous ignoriez qu’il y eut un rapport entre Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu (1689 – 1755), et la Lituanie ? A dire vrai, moi aussi !

A la vérité, il n’y a pas de rapport. Même si, au cours de ses nombreux voyages, Autriche, Hongrie, Italie (1728), Allemagne (1729), Hollande et Angleterre (1730, et où il séjourna un an) ont reçu sa visite, la Lituanie ne fut pas du lot. Comme beaucoup de philosophes, il a influencé l’impératrice Catherine II (1729 – 1796) qui s’est beaucoup inspiré de L’Esprit des Lois pour écrire son traité de philosophie politique, le Nakaz. Mais, comme la plupart des philosophes, il n’a jamais fait le voyage de Saint-Pétersbourg (seul Diderot a osé), même pas pour vérifier sa théorie des climats …….



Alors, me direz-vous, comment se fait-il que l’Ecole Française de Vilnius porte le nom de Montesquieu ? C’est une bonne question, et je vous remercie de me l’avoir posée.


L’Ecole Française de Vilnius a été fondée en 1991. Elle a été agréée par le Ministère de l’Education lituanien en 2002, homologuée (2003) puis conventionnée (2005) par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger. De nouveaux locaux ont été inaugurés en Juin 2010 et ce sont 200 élèves qui ont pu être accueillis et scolarisés en Septembre 2010.

En amont de cette inauguration, le Directeur de l’époque m’avait demandé d’une façon informelle de suggérer des noms pour baptiser l’Ecole. Les critères était qu’il fallait que le nom soit connu aussi bien des Français que des Lituaniens, et que le personnage – évidemment consensuel - eut un rapport avec la Lituanie.
Je me souviens qu’in fine j’avais suggéré Napoléon 1er, apprécié en Lituanie, mais en soulignant qu’il était l’objet de polémiques en France, et Adomas Mickevičius (Adam Mickiewicz pour les polonophones) qui, outre qu’il avait passé une grande partie de sa jeunesse à Vilnius (y compris en prison en 1823), avait dû s’exiler en France, au point de devenir titulaire de la chaire de langues slaves au Collège de France (1840 – 1844).  

C’est par hasard que j’appris bien plus tard que le nom choisi avait été celui de Montesquieu. Je suppose que le choix avait été fait par l’Association des Parents d’Elèves de l’Ecole Française de Vilnius, puisqu’il s’agit d’une école privée à gestion parentale.  Je me suis précipité sur Wikipedia pour savoir si quelque chose m’avait échappé dans la vie de ce philosophe, moraliste et penseur politique français, accessoirement franc-maçon. Vous savez désormais que de rapport, il n’y en avait  point.

Tout ça en réalité pour vous dire que Montesquieu est né le 18 Janvier 1689










mercredi 16 janvier 2013

16 Janvier 1547 : Ivan le Terrible est couronné Tsar de Russie

Ivan IV le Terrible


La Fédération de Russie d’aujourd’hui fait remonter la création de la Russie à 862, lorsque Riourik, un Varègue (Viking de l’est) fut appelé par une assemblée de chefs de tribus à régner sur Novgorod et ses villes vassales. Figure semi-légendaire, son successeur Oleg le Sage est au contraire un personnage historique attesté. Oleg régnera sur la Rus’ (Ruthénie) de 882 à 912 et installera sa capitale à Kiev.

Les règnes de Vladimir le Grand (Volodymyr - 980 – 1015) et de son fils Iaroslav le Sage (1019 – 1054), dont une des filles, Anne, deviendra Reine de France, constituèrent l’âge d’or de la Rus’. Mais, au XIIe siècle, la Rus’ se divisa en de multiples principautés sous l’effet du système de succession d’origine Varègue. La principauté de Vladimir-Souzdal devint une des principales rivales de la principauté de Kiev, celle-ci subissant en outre l’invasion mongole.
Trône d'ivoire d'Ivan IV

A cette époque, Moscou n’était qu’un avant-poste commercial négligeable dans la principauté de Vladimir-Souzdal. Le premier souverain de la principauté de Moscou (ou Moscovie) fut Daniel Moskovski (1261 – 1303), le plus jeune fils du bien connu Alexandre Nevski, souverain de Vladimir-Souzdal. A partir de Daniel, la principauté commença à élargir son territoire. Elle se heurta rapidement au Grand-duché de Lituanie, notamment au Grand-duc Algirdas qui monta trois expéditions contre Moscou (1368, 1370 et 1372) sans jamais réussir à la prendre.

La principauté de Moscou se transforma en grande-principauté en 1328 et ce jusqu’en 1547.

Fils de Vassili III (1479 – 1533) et de sa deuxième épouse lituanienne, Héléna Glinska, Ivan IV Vassiliévitch (1530 – 1584) monte sur le trône à la mort de son père le 4 Décembre 1533, devenant à l’âge de 3 ans Grand-prince de Moscou. Bien trop jeune pour qu’il régne, le pouvoir est détenu par sa mère et un conseil de vingt boyards. Ivan passe son enfance dans la crainte permanente d’être assassiné et ses loisirs se partagent entre la torture d’animaux, la chasse et la maltraitance des villages des alentours !

Ivan IV est sacré le 16 Janvier 1547 et il est le premier à être proclamé « Tsar de toutes les Russies ». La Russie se considérait comme héritière de l’Empire byzantin et, par conséquent, de l’Empire romain, lequel Empire était gouverné par un César. A la vérité, le titre de Tsar était déjà utilisé officieusement par Ivan III (père de Vassili III), depuis que celui-ci avait épousé Sophie Paléologue, nièce du dernier Empereur byzantin, Constantin XI.

L'expansion de la Moscovie devenue Russie

L’expression « de toutes les Russies » est elle aussi très intéressante car elle fait référence à la Russie proprement dite, ou Grande Russie, à l’Ukraine ou Petite Russie et à la Biélorussie ou Russie Blanche, entérinant notamment la conquête des territoires de la Rus’ / Ruthénie par Ivan III.  

Ainsi commença le règne de celui qui, par sa cruauté, fut dénommé « Ivan le Terrible ». Mais Ivan IV réussit également, par son intelligence et son dynamisme à moderniser son pays et à en faire l’une des plus grandes puissances du XVIe siècle.

« Ivan le Terrible » est également un film de Sergei Eisenstein en deux parties. La première partie sortit en 1944, mais la deuxième partie, terminée en 1946, fut censurée jusqu’en 1958, Staline s’étant reconnu !! 


dimanche 13 janvier 2013

Janvier 1991 à Vilnius et à Riga : morts pour la Liberté



Le 11 Mars 1990, à 22H44, le Soviet Suprême de Lituanie, devenu Diète Reconstituante, adoptait l’Acte de rétablissement de l’Etat indépendant de Lituanie. La Diète déclare également le retour en vigueur de la Constitution de 1938, afin de bien monter la continuité de la souveraineté de la Lituanie, occupée depuis 1940 par l’Union soviétique.

Pour cause de Perestroïka, les autorités soviétiques ne réagissent pas tout de suite, jusqu’au début de 1991.

Le 2 Janvier 1991, à Riga, capitale de la Lettonie,  ce sont les troupes spéciales du Ministère de l’Intérieur d’URSS qui investissent l’imprimerie d’où sortent presque tous les journaux du pays. Le 7 Janvier, ce sont les parachutistes du Ministère de la Défense d’URSS qui sont dépêchés dans les trois Etats baltes pour contraindre les conscrits à rejoindre l’armée soviétique. A Vilnius, où les blindés soviétiques patrouillent dans les rues, le Président Vytautas Landsbergis, issu des élections démocratiques de 1990, appelle la population lituanienne à se rassembler pour exiger liberté et indépendance.
Vytautas Landsbergis, dans le Seimas protégé par des sacs de sable

Le 10 Janvier, Mikhaïl Gorbatchev, président non élu d’URSS, exige du « soviet suprême de Lituanie » la restauration de la Constitution soviétique. Les dirigeants lituaniens se tournent vers les gouvernements occidentaux à qui ils demandent d’être garants de l’indépendance de leur pays. Ceux-ci pensent généralement que Gorbatchev ne bougera pas.

Les 12 et 13 Janvier à Vilnius, alors que le monde entier a les yeux tournés vers l’Irak où la guerre va bientôt se déclencher (premières frappes aériennes le 16 Janvier), les parachutistes de l’Armée rouge tentent de prendre le contrôle de la tour de télévision lituanienne, défendue par des civils sans arme. On y relèvera 14 morts et plus de 600 blessés. Le 13, Gorbatchev s’entretient au téléphone avec Vytautas Landsbergis à qui il assure n’avoir appris les faits qu’après coup. Qui peut croire ça une seule seconde dans l’URSS hyper centralisée ?! Une partie du monde a enfin ouvert les yeux et découvert le vrai visage du « gentil Gorby », lauréat du Prix Nobel de la paix, tellement adulé à l’ouest.

Pendant ces journées, des milliers de Lituaniens formeront un rempart humain pour défendre le Parlement et empêcheront ainsi sa prise d’assaut.


A Riga, c’est le 17 Janvier que les militaires soviétiques se heurtent aux civils qui avaient mis en place des barrages pour bloquer les accès de la ville. Un manifestant est tué. Le 20 Janvier, quatre personnes sont tuées lorsque les forces spéciales du Ministère de l’intérieur d’URSS donnent l’assaut au Ministère de l’Intérieur letton à Riga. 

Dès le 13 Janvier, Boris Eltsine, Président élu de la Fédération de Russie, condamne l’attaque et reconnaît la souveraineté des Etats baltes, tout en organisant celle de la Russie. A Moscou, 100 000 personnes descendent dans la rue pour protester contre la répression qui sévit dans les républiques baltes. Gorbatchev recule, les Lituaniens ont fait reculer l’Union soviétique. Mais celle-ci continuera à tuer : 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens sans armes seront assassinés à Medininkai le 31 Juillet 1991.

On me dira que tout ça c’est le passé. Outre que 22 ans, ce n’est pas si vieux que ça, alors qu’on juge toujours des criminels nazis, la Russie d’aujourd’hui refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des Etats baltes. Et son homme fort, Vladimir Poutine, a toujours considéré le démantèlement de l’URSS comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ! Et d’autres, comme Vladimir Jirinovski, demandent ouvertement le « retour » des Etats baltes au sein de la Russie !   

Les héros morts le 13 Janvier 1991 pour la liberté de la Lituanie :

Loreta Asanavičiūtė (24 ans)
Virginijus Druskis (22 ans) 
Darius Gerbutavičius (18 ans)
Rolandas Jankauskas (22 ans)
Rimantas Juknevičius (25 ans)
Alvydas Kanapinskas (39 ans)
Algimantas Petras Kavoliukas (52 ans)
Vytautas Koncevičius (50 ans)
Vidas Maciulevičius (25 ans)
Titas Masiulis  (29 ans)
Alvydas Matulka (36 ans)
Apolinaras Juozas Povilaitis (54 ans)
Ignas Šimulionis (18 ans)
Vytautas Vaitkus (48 ans)


vendredi 11 janvier 2013

10 Janvier 1923 : quand Lituaniens et Français se faisaient la guerre pour Klaipėda



A la fin de la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles (signé le 28 Juin 1919), article 99,  obligeait l’Empire allemand de renoncer, entre autres, à la partie nord-est de la Prusse orientale, dite territoire de Memel. L’inconvénient, c’est que le Traité ne précisait pas concrètement à qui le territoire allait revenir.


A l’été 1919, les représentants des grandes puissances Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Italie) décident que c’est la France assurera l’administration du territoire au nom de l’Entente (et non de la Société des Nations dont la première réunion n’aura lieu à Londres que le 10 Janvier 1920).

L'Etat-major français autour du Général Odry

Le 15 Février 1920, le Général Dominique Odry (1865 - 1962), dont le titre exact est « Général représentant les puissances alliées », reçoit les pouvoirs du commissaire allemand, le comte Lambsdorf. Dès le 13 Février 1920, le 21e Bataillon de Chasseurs à Pied (et non pas Alpin comme généralement écrit à tort) arrive en trois convois ferroviaires afin d’assurer le maintien de l’ordre. L’Etat-major et la majeure partie du Bataillon s’installent à Memel (Klaipėda), une compagnie est détachée à Heydekrug (Šilutė) et une compagnie à Pogegen (Pagėgai). L’effectif initial de 750 hommes, déjà faible pour une zone de la surface du Luxembourg, sera progressivement réduit à 625 hommes, puis à 250.

A la fin 1921, une enquête montre que 90 % des habitants sont partisans d’un Etat libre. Avec l’aval de la conférence des Ambassadeurs, le territoire se dote des caractéristiques d’un Etat indépendant, notamment d’un drapeau.

En Octobre 1922, une commission spéciale, dirigée par un diplomate français, Georges Laroche, est chargée de préparer les statuts du territoire de Memel. Mais ceux-ci prirent un tour correspondant aux attentes des Polonaises. Aussi, devant le risque de ne pas recevoir le territoire de Memel, donc pas de déboucher maritime, la jeune République lituanienne décida de l’annexer par la force, en dépit du danger encouru.

Insurgés lituaniens

Entre le 10 et le 15 Janvier 1923, les autorités lituaniennes, après s’être assurées du soutien diplomatique de l’Allemagne et de l’Union soviétique (née le 22 Décembre 1922), accomplissent avec succès une marche sur Memel depuis le territoire lituanien, marche effectuée par 1 400 hommes commandés par le colonel Jonas Povolinskas-Budrys, officiellement paramilitaires du territoire mais en fait soldats lituaniens, aidés par environ 300 habitants du territoire. 

Il faut reconnaître que les Lituaniens ne rencontrèrent pas de grande résistance. Il faut dire que la France n’avait ni la volonté ni les moyens de se relancer dans une opération de reconquête. Il y eut toutefois des escarmouches et des tués : 12 Lituaniens, 2 Français et 2 civils. Comme, en raison du faible effectif, il n’y avait pas de possibilité de résister, le Haut-commissaire Jean Gabriel Petisné, qui avait remplacé Odry le 1er Mai 1921, ordonna de hisser le drapeau blanc.  

Le 16 Février 1923, les gouvernements alliés, reconnaissant le fait accompli, décidèrent de transférer la souveraineté du territoire de Memel, sur la base d’une autonomie, à la Lituanie. Le 15 Mars 1923, le territoire est formellement appelé Klaipėda.

Le 16 Février 1923, défilé de troupes lituaniennes sur la place du théâtre de Memel/Klaipeda

Le 22 Mars 1939, la ville sera ré-annexée par les Allemands.  

mardi 8 janvier 2013

Conférence à Paris le 30 Janvier



Dans le cadre de l’exposition « La Lituanie sur les cartes des XVe – XVIIIe siècles », qui se déroule jusqu’au 11 Février 2013 aux Archives Nationales,

Gilles DUTERTRE (oui, c’est moi …)

fera une conférence sur « Les Français dans l’histoire de la Lituanie » le mercredi 30 Janvier à 18H, dans le salon du Prince, au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, à Paris IVe .

Plan de Vilnius de 1581

Si la Lituanie est aujourd’hui toujours aussi méconnue, ce ne fut pas la cas au cours des siècles. De nombreux Français y sont passés ou y ont résidé, certains ayant en outre une influence majeure. En 45 minutes, j’essaierai d’en tracer le panorama le plus exhaustif possible.

La conférence sera suivie d’un concert de musique de compositeurs lituaniens par des musiciennes lituaniennes (piano et violon).

Entrée gratuite

Hedwige d'Anjou, "Roi" de Pologne, à l'origine de la conversion de la Lituanie