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mercredi 15 août 2012

Le pouvoir de la dérision contre la paranoïa ?



La paranoïa est un trouble mental qui se manifeste notamment par un sentiment de persécution pouvant aller jusqu’à l’irrationalité et le délire. Les patients ne se considèrent généralement pas comme des malades, leurs capacités d’introspection et de remise en question étant faibles.

L’actualité récente nous a offert deux cas caractéristiques de paranoïa que certains ont décidé de traiter par la dérision.

Le 4 Juillet, un petit avion affrété par société de relations publiques suédoise, appelée « Studio Total », a franchi la frontière entre la Lituanie et le Bélarus pour larguer au-dessus des faubourgs de Minsk plus de 800 ours en peluche portant des slogans demandant la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme.


Les autorités ont d’abord nié l’évidence (des photos et des vidéos ont été mises immédiatement en ligne sur internet). Ce n’est que le 26 Juillet que le Président bélarusse, Alexandre Loukachenka, a reconnu de facto les faits et le 31 a limogé le chef de la défense aérienne, le Général Dmitri Pakhmelkine et le patron des gardes-frontières, le Général Igor Ratchkovski. Il faut dire que ce petit avion se jouant de la défense aérienne, mise en place à grands frais par le Bélarus et la Russie, ça faisait un peu désordre et l’incident a été perçu comme une humiliation !

Depuis, le Bélarus et la Suède s’expulsent leurs diplomates à tour de bras, et le Comité Politique et de Sécurité de l’UE s’est réuni le 10 Août pour décider …… qu’il allait peut-être revoir les sanctions imposées au Bélarus en Octobre. En attendant, un étudiant en photo journalisme, Anton Suryapin, est détenu depuis le 13 Juillet (à l’époque où les autorités bélarusses affirmaient qu’il ne s’était rien passé !) pour avoir publié des photos des nounours sur son site internet !! De même un autre Bélarusse, Sergei Basharimov, accusé de complicité dans le cadre d’une « intrusion illégale » au Bélarus, pour avoir loué une chambre à un Suédois chargé de manager le « bombardement » au sol !

En marge, on ajoutera que Loukachenka (qui préside aussi le Comité olympique bélarusse) avait exigé que ses athlètes ramènent 25 médailles des JO de Londres. Comme la moisson n’a été que de 13 médailles, il a accusé les juges de favoriser « ceux qui payent plus. Ils détruisent les sportifs et humilient les Etats ». Sans doute que le cas de dopage, qui a privé la lanceuse de poids Nadezhda Astapchuk de sa médaille d’or, est également un complot des juges……  

Vous avez dit paranoïaque ?

Un autre exemple est donné en Russie.

Le 21 Février 2012, 5 jeunes femmes d’un obscur groupe de punk-rock féministe, « Pussy Riot », pénètrent masquées dans l’église du Christ Rédempteur à Moscou et interprètent devant l’autel une chanson demandant « Marie mère de Dieu – chasse Poutine », un happening destiné à dénoncer la collusion de l’Eglise orthodoxe avec le pouvoir politique. La police est rapidement intervenue, a pris les identités de trois des chanteuses (les 2 autres s’étant échappées), mais n’a procédé à aucune arrestation, n’a pas confisquée la vidéo tournée à cette occasion et n’a ouvert d’enquête contre personne. Car c’était sans doute de mauvais goût aux yeux de certains, mais il n’y avait peut-être pas de quoi fouetter un chat.  


Ce n’est que 15 jours plus tard, quand la vidéo est devenue virale sur You Tube que les choses se sont gâtées, et que les trois jeunes femmes arrêtées. Elles sont depuis en détention préventives et risquent 7 ans de camp ! Alors que les personnes accusées de crimes non-violents sont très rarement mises en préventive.

Mais il semblerait que le Patriarche Kirill lui-même ait appelé Poutine pour que le « sacrilège » et ce « crime pire qu’un meurtre » soient punis. Ce qui est dans la droite ligne de ses déclarations passées, estimant que manifester était antichrétien et que l’ère Poutine était un « miracle de Dieu ». Certains au sein même de l’Eglise orthodoxe contestent toutefois cette attitude et rappellent que « la foi chrétienne, c’est la miséricorde et l’amour ». D’autant que le mode de vie luxueux du patriarche n’en fait pas un parangon de vertu !

Vladimir Poutine lui-même semble avoir pris la mesure du risque qu’il y aurait à faire des punkettes des martyres, allant jusqu’à déclarer : »… à mon avis, il ne faut pas les juger trop sévèrement ». Résultats – en principe – ce 17 Août. Mais, à voir les réactions, il se pourrait que le « mal » soit déjà fait pour le régime poutinien.  

Paranoïa : « sentiment de persécution pouvant aller jusqu’à l’irrationalité ». On est en plein dedans ! 

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