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vendredi 8 avril 2011

L’Ukraine à la croisée des chemins

Accaparés par la Côte d’Ivoire, la Libye et Fukushima, les médias francophones, déjà habituellement peu enclins à tourner leurs regards vers l’est, n’en parlent pas. Pourtant, la période est cruciale pour l’Ukraine et, partant, pour l’Europe.

Cette semaine, du 4 au 8 Avril, l’Ukraine continue ses longues négociations à Bruxelles pour signer un accord commercial et obtenir le statut de membre associé avec l’Union Européenne. Mais les diplomates européens accusent l’Ukraine de jouer un double jeu.

En effet, la semaine prochaine, les négociations continueront cette fois avec la Russie, pour que l’Ukraine rejoigne l’Union Douanière qui, outre la Russie, regroupe déjà le Bélarus et la Kazakhstan. Poutine viendra lui-même le 12 Avril à Kyiv pour essayer d’emporter l’adhésion.

Dans ce jeu de tir à la corde, la Russie ne manque pas d’arguments. Après l’accord « gaz contre base » du 21 Avril 2010 (contre le prolongement de l’occupation de la base navale de Sébastopol jusqu’en 2042, la Russie a consenti un rabais de 30 % sur le gaz livré à l’Ukraine), la Russie met aujourd’hui sur la table 8 milliards de dollars par an, sous forme d’une réduction du prix du gaz.

Mais l’Union Européenne est aujourd’hui la meilleure alternative pour permettre aux citoyens ukrainiens d’améliorer leur niveau de vie et sortir d’une corruption endémique. Déjà parmi les premiers fournisseurs de l’UE en matière de céréales, métaux et produits chimiques, l’Ukraine aurait tout à gagner de l’ouverture d’un grand marché de 500 millions de consommateurs.

L’Ukraine, 45 millions d’habitants est donc importante pour les Européens, mais elle est cruciale pour la Russie. En effet, pour la Russie, l’intérêt est non seulement économique, mais aussi stratégique et symbolique. Economiquement, 80 % du gaz russe destiné à l’Europe transite par l’Ukraine. Stratégiquement, Sébastopol (ci-dessous) offre à la Russie un débouché sur la Mer Noire et, partant de là, vers la Méditerranée, avec des commodités que n’offre pas le port russe de Novorosiisk. Symboliquement, la Russie fera tout pour garder l’Ukraine dans sa sphère d’influence (comme tout Etat de son « étranger proche »), d’autant qu’elle considère que l’Ukraine a « toujours » été une partie de la Russie (alors qu’historiquement, ça serait plutôt le contraire).

Viktor Yanukovych (ci-dessous avec Dmitri Medvedev), Président d’un pays divisé entre pro-russes et pro-occidentaux, fait un numéro d’équilibriste entre l’Est et l’Ouest depuis son élection en Février 2010. Manifestement avec l’espoir d’avoir deux vaches à traire …… Mais peut-être va-t-il devoir bientôt faire un choix. Car les diplomates européens ont clairement indiqué que, si l’Ukraine rejoignait l’union douanière pilotée par la Russie, elle pourrait dire adieu à l’accord d’association avec l’UE.



1 commentaire:

  1. Selon le site http://www.romandie.com/infos/news2/110408145636.52utxm2p.asp
    il semblerait que l'Ukraine ait choisi l'accord de libre-échange avec l'UE plutôt que l'union douanière avec la Russie.

    Cette info devrait, à mon sens, rester au conditionnel.

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